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Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois !

En alléguant qu’une majorité d’allophones fréquente les cégeps français et qu’il faut préserver un certain équilibre linguistique et social, le Conseil supérieur de la langue française (CSLF) propose de maintenir un accès et un financement illimités au cégep public anglais au Québec. La Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal dénonce cette position timorée du CSLF, compte tenu de l’urgence de contrer le déclin du français à Montréal.

Si la tendance se maintient, selon les prévisions de Marc Termote, président du Comité de suivi de la situation linguistique à l’Office québécois de la langue française (OQLF), le français poursuivra un déclin rapide à Montréal (42 % en 2051), qui se répercutera à moyen terme dans l’ensemble du Québec (72 % en 2051).» Il fait observer également que « dans son avis sur la langue de travail publié en 2005, le CSLF constatait « que la généralisation de l’usage du français au travail ne s’est pas opérée, en ce qui concerne la plus grande partie des travailleurs allophones, et que la langue de convergence demeure l’anglais dans bon nombre de cas. »

Bien que l’actuel avis du CSLF se réfère abondamment aux études de l’Institut de recherche sur le français en Amérique (IRFA), les auteurs ont omis de prendre en considération l’étude de Robert Maheu, publiée par l’IRFA, qui démontre une relation nette entre la langue des études postsecondaires et la langue utilisée au travail au Québec, chez tous les groupes linguistiques. De plus, le CSLF fait état d’une toute récente augmentation atypique de l’inscription des allophones au cégep français, sur la base de données tenues secrètes jusqu’à maintenant par le Ministère de l’éducation, et qui ne tiennent pas compte de l’inscription des allophones qui n’ont pas fait leur secondaire au Québec.

Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. À l’encontre des résultats de nombreuses études, sinon du bon sens même, le CSLF dénie que la fréquentation des cégeps anglais puisse avoir un impact anglicisant sur la langue de travail. Cela reflète manifestement le manque d’indépendance des organismes conseils tels que le CSLF ou l’OQLF envers le pouvoir politique. C’est quand même tout un hasard que le CLSF diffuse un avis quelques jours avant le congrès du Parti Québécois.

On se souviendra des dernières nominations pour le moins étonnantes au CSLF par le gouvernement libéral, comme celle de Mme Sylvia Martin-Laforge, directrice du Quebec Community Group Network (QCGN), successeur d’Alliance Quebec.

La SSJB considère que le financement et l’accès illimités aux cégeps publics anglophones nuit à l’intégration des allophones et à la cohésion sociale. À l’ère de l’économie du savoir, il est crucial de mettre fin au sous-financement des réseaux collégial et universitaire de langue française au Québec. Comme dans la plupart des États développés à travers le monde, la langue nationale doit constituer la voie de la réussite économique et sociale à l’intérieur du Québec. Il y a urgence d’agir.

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