Aurevoir, Monsieur Gagné

Un grand promoteur de la langue française, monsieur Aimé Gagne, nous a quittés le 18 février dernier, laissant dans le deuil ses quatre enfants, sept petits-enfants et 15 arrière-petits-enfants.

En cette triste occasion, nous tenons à exprimer nos plus sincères condoléances à tous les proches de ce citoyen engagé qui aura grandement contribué à l’essor de notre langue commune.

 

Nous reproduisons ci-après une fiche biographique tirée du site Internet de la Ville de Shawinigan, là où il a fait sa carrière.

AIMÉ GAGNÉ

Vice-président, relations publiques
Société d’électrolyse et de chimie Alcan

 

Il peut paraître curieux d’introniser le vice-président d’une multinationale dans la catégorie « culture ». Mais dans le cas de notre Grand Shawiniganais, la langue aura été son outil de travail et sa véritable passion.

 

Il est né à Saint-Anselme en 1919, mais il arrive très jeune à Shawinigan où son père va exploiter un studio de photographie pendant 40 ans. D’ailleurs, rares sont les familles de Shawinigan qui n’ont pas au moins une photo du Studio Gagné dans leurs souvenirs.

 

Il fréquente le collège Immaculée-Conception et le célèbre Institut de technologie de Shawinigan avant de faire son entrée à l’Alcan. Il va y demeurer pendant 40 ans, gravissant les échelons un à un.

 

Directeur des relations publiques à Shawinigan, au Saguenay et à Montréal, il termine sa carrière à titre de vice-président des relations publiques de la Société d’électrolyse et de chimie Alcan. Il se retire en 1979, tout en demeurant très actif.

 

Il va, en fait, devenir un pionnier de la francisation en milieu de travail au Québec à une époque où les francophones s’affirment de plus en plus dans le monde des affaires.

 

Il sera d’ailleurs vite remarqué par les premiers ministres du Québec qui vont faire de la langue leur cheval de bataille dans les années 1960 et 1970. Jean-Jacques Bertrand, Robert Bourassa et René Lévesque vont solliciter ses conseils.

 

De 1968 à 1972, il prend un premier mandat en siégeant à la Commission Gendron sur la situation de la langue française et des droits linguistiques au Québec. C’est le travail de cette commission qui a établi les bases de la première loi linguistique du Québec: la Loi 22, adoptée en 1975 par le gouvernement Bourassa.

 

Cette liberté d’action, alors qu’il est à l’emploi de l’Alcan, notre Grand Shawiniganais l’expliquait ainsi à l’Hebdo du Saint-Maurice.

 

« L’avantage de l’Alcan fut que ses dirigeants étaient soit des Américains, soit des Européens. Ils n’avaient donc pas les préjugés des Canadiens-anglais face à nous. Alcan est toujours demeuré un chef de file dans le domaine par la suite. »

 

Au lendemain de sa retraite, de 1979 à 1984, il poursuit sur sa lancée. Il sera, coup sur coup, président de la Commission d’appel de francisation des entreprises et président du Conseil de presse du Québec.

 

Le premier ministre René Lévesque l’invite à présider les destinées de l’Office de la langue française, mais il préfère y siéger à titre de commissaire.

 

Tous ces efforts déployés pour l’amélioration de la langue française lui auront valu de nombreuses distinctions. Avant même sa retraite, en 1974, la Société canadienne des relations publiques lui décerne sa médaille du Mérite. En 1983, à l’occasion de l’Année mondiale des communications, le gouvernement du Québec lui remettait le Prix des communications, section relations publiques et en 1999, il reçoit le Prix Camille-Laurin de l’Office de la langue française pour sa contribution à la francisation des entreprises.

 

Il est membre de l’Ordre des francophones d’Amérique, de l’Ordre des Hebdos régionaux de langue française et de l’Ordre du Canada

 

Infatigable, il publiait en 1999 Le français au-delà des mots, un ouvrage qui retrace l’histoire de la question linguistique au Québec.

 

À l’Hebdo du Saint-Maurice, il lançait un avertissement aux générations actuelles si elles ne veulent pas voir disparaître leur héritage culturel.

 

« Nous ne sommes plus fiers de notre langue et on voudrait que les étrangers la parlent. Pour qu’elle demeure vivante, il faudra que les Canadiens-français se responsabilisent. »

 

Nous sommes heureux de reprendre le flambeau qu’il nous tend aujourd’hui.

 

Par François St-Onge