RÉJEAN PARENT – Le Journal de Montréal – 2 mai 2014
Pour les âmes prudes, rassurez-vous immédiatement, nous ne parlons pas de lendemains d’une soirée sadomasochiste, mais plutôt des suites des dernières élections générales québécoises, quoique certains y trouveront des analogies. Pendant que Mario Beaulieu, qui assimile ces résultats à un coup de fouet, se lance dans la course pour devenir le futur chef du Bloc québécois argüant que André Bellavance fait profil bas sur l’indépendance, les instances péquistes tiendront une rencontre bilan à Laval avec leur exécutif national et les représentants de circonscription sans être sûr de pouvoir calmer la hargne des militants à l’égard des têtes dirigeantes.
Les dernières élections québécoises n’auront pas été sans rappeler les affres des précédentes élections fédérales où le Bloc a presqu’été rayé de la carte, en plus de fournir des munitions aux détracteurs de l’idée d’indépendance nationale. Les fédéralistes n’auront cessé, depuis le 7 avril, de s’employer à faire croire que la souveraineté n’intéresse plus les Québécois et qu’il faut passer à autre chose. C’est à mon avis une vision plutôt courte qui repose sur une analyse tronquée relevant plus de la propagande que d’une thèse appuyée par des données probantes. Depuis vingt ans, la souveraineté se maintient autour du 40% dans les sondages sans même que les partis dont c’est la raison d’être en fassent la promotion. Ce sont en fait plus l’échec de partis timorés qu’il faut voir dans les derniers résultats électoraux, que l’anéantissement de l’idée d’indépendance.
En ce sens, l’annonce de la candidature de Mario Beaulieu est rafraichissante, alors que ce dernier veut remettre à l’avant plan le débat sur la souveraineté du Québec en opposition à un André Bellavance qui se situe dans la tradition qui conduisit le Bloc presqu’à sa perte, taisant la nécessité d’une nation souveraine et se limitant à la défense des intérêts du Québec dans une perspective d’un député semblable à celui de n’importe lequel des autres partis. Le même genre de débats risquent de secouer le PQ dans les mois à venir, alors que les politiciens professionnels qui voient leur rôle comme un emploi, voudront mettre au chaud leur fessier en renvoyant aux calendes grecs l’idée de souveraineté pour se borner au concept du bon gouvernement, en espérant ainsi retrouver la ferveur populaire. Nous ne pouvons que souhaiter qu’un autre Mario Beaulieu surgira au PQ pour leur rappeler leur raison d’être. […]
Si le projet fédéral est légitime, le projet indépendantiste l’est tout autant, même s’il souffre d’une carence de moyens par rapport à ceux octroyés au premier. Aux centaines de millions du fédéral, le nouveau candidat propose d’y opposer quelques dizaines de millions pour empêcher l’extinction d’un peuple et devenir maître chez nous plutôt que des locataires perpétuels. Il nous faudrait au moins se donner le droit de pouvoir se poser la question sans trembler dans nos culottes.
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