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Comment des étudiants étrangers francophones sont refusés par Ottawa

L’utilisation d’un nouveau système informatique au fonctionnement opaque par Immigration Canada se traduit par des milliers de permis d’études refusés à des étudiants francophones africains. Québec veut des explications.

 

Depuis des mois, ce professeur du Département d’anatomie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) tente de recruter des étudiants étrangers pour son laboratoire de recherche.

Mais il se heurte, sans arrêt, au ministère fédéral de l’Immigration (IRCC), qui refuse en bloc les demandes de permis d’études de ces derniers, malgré l’approbation initiale de Québec.

Les motifs de refus sont ridicules, juge-t-il. Il évoque l’exemple d’une médecin en Algérie, qui souhaite réaliser une formation à ses côtés. Elle a un travail dans son pays, un statut important, mais Immigration Canada a refusé sa demande en disant ne pas croire à son retour dans son pays, après ses études.

Je comprends l’importance d’éviter les fraudes et de s’assurer que les candidats sont sérieux, mais là, les motifs ne sont pas transparents, soutient-il.

« Ça n’a pas de bon sens. Il y a un problème de fond à régler [avec Immigration Canada]. Ces refus nous nuisent énormément. »

— Une citation de  Mathieu Piché, professeur à l’UQTR

J’essaie de recruter des étudiants étrangers hyper qualifiés. C’est bien pour le Canada, c’est une compétence et une expertise qui enrichissent notre pays. Ils peuvent ensuite rentrer chez eux ou rester ici. Il n’y a rien de mal à ça, bien au contraire, estime le chercheur.

À l’instar de multiples établissements scolaires, l’Université du Québec à Trois-Rivières tente de recruter des étudiants étrangers. On en dénombrait près de 65 000 au Québec, à fois dans le réseau collégial et universitaire, en 2020.

Des refus frôlant les 100 %

Depuis plusieurs années, de multiples établissements scolaires québécois s’étonnent de la décision d’Immigration Canada de refuser massivement certains étudiants francophones étrangers. De nombreux candidats ont également contacté Radio-Canada, frustrés par les explications fournies par le ministère fédéral.

Selon des données que nous avons obtenues, le taux de refus de demandes de permis d’études – tous pays confondus – a bondi au Québec. Il est passé de 36 % en 2017 à 61 % l’an passé. Dans le même temps, pourtant, dans l’ensemble du Canada, ce nombre est moins élevé.

Outre la venue d’une vingtaine d’étudiants français, qui n’ont connu aucune difficulté avec Immigration Canada, le Cégep de Thetford a quant à lui pu accueillir, cet automne, six autres étudiants étrangers. Ce cégep situé en Chaudière-Appalaches avait cependant accepté initialement une centaine de demandes, provenant principalement d’Afrique francophone.

C’était de très beaux candidats. Mais les refus sont inexplicables. On se demande vraiment quelle analyse a été faite, c’est préoccupant, regrette Marie-Michèle Thibodeau, conseillère au développement international du cégep, qui ne veut pas, à l’avenir, devoir choisir des étudiants en fonction de leurs nationalités.

« On n’a pas envie de filtrer des candidats selon leur pays d’origine. C’est vraiment décevant de voir tous ces projets voués à l’échec. »

— Une citation de  Marie-Michèle Thibodeau, conseillère au Cégep de Thetford

Au Maghreb et particulièrement sur la côte ouest africaine, francophone, obtenir un permis d’études pour le Canada s’apparente au parcours du combattant. Les refus frôlent parfois les 100 % selon les secteurs, détaille l’avocate en immigration Krishna Gagné.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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