JEIEL ONEL MÉZIL | LA PRESSE
Les indépendantistes catalans de Montréal se sont réunis hier pour suivre ensemble le référendum. Entre colère et consternation devant les actions de Madrid, l’émotion était à son comble alors que les résultats arrivaient au compte-gouttes. Après l’allocution du président de la Catalogne Carles Puigdemont, qui a déclaré que la région « a remporté le droit de devenir un État indépendant », le local de la Société Saint-Jean-Baptiste a vibré au son de l’Els Segadors (Les moissonneurs), l’hymne officiel de la Catalogne. La Presse s’est rendue à ce rassemblement.
« Je suis remplie de frustration. Ce n’est pas une surprise, car on savait que le gouvernement espagnol allait se comporter de la façon dont il l’a fait. Je suis très émue par tous les gens qui sont en Catalogne et qui ont défendu tellement bien le droit de vote. Ça a pris du courage. J’espère que cette victoire ouvrira la porte à d’autres victoires. Quoi qu’il arrive maintenant, ça ne va plus être comme avant. Pour nous, c’est déjà la fin. Nous avons maintenant une possibilité de créer pour nous de meilleures situations. J’espère que c’est aussi un moment de changement pour l’Espagne. […] C’est une honte que le monde ne réponde pas plus clairement aux agissements de Madrid. Ce serait bien que les pays reconnaissent que l’Espagne n’a pas réagi correctement. »
« Le gouvernement espagnol a prouvé qu’il ne respecte aucune limite. Ils ont été sans pitié. Ils ont frappé des personnes âgées et ont utilisé du gaz lacrymogène. Je suis vraiment fier de mes compatriotes catalans. Ils sont allés voter en masse et ont tout fait pour qu’on gagne. Aujourd’hui, pour le peuple catalan, il y a une rupture complète. Oui et non, nous sommes tous ensemble pour la Catalogne. […] L’Espagne, c’est une tyrannie. Ils veulent nous avoir comme des esclaves. Et pour cela, ils utilisent même des moyens antidémocratiques. J’espère que la communauté internationale va réagir très fort, car [hier], les limites ont été dépassées. L’Espagne ne fait plus partie des pays démocratiques. Monsieur Trudeau, s’il vous plaît, réagissez. »
« Cette journée est très triste. Nous sommes consternés devant les actes de la police envers un peuple pacifique. Ce que le peuple catalan veut, c’est de pouvoir voter. Ces réactions ne sont pas nouvelles. On connaît déjà ce qu’est l’Espagne. Mais [hier] a été une leçon du peuple catalan envers le monde sur ce qu’est la défense de la liberté. C’est une victoire. En même temps, c’est une tristesse de voir nos compatriotes se faire blesser sans rien faire de mal. C’est la même situation qu’à l’époque de Franco. Je me souviens de cette époque. Un jour, j’étais avec ma mère. On était au marché tranquillement et la police était venue subitement nous battre à coups de matraque. J’entendais les coups de matraque tomber sur ma mère. Aujourd’hui encore, ce sont les mêmes idéaux de Franco qui sont au pouvoir. Rien n’a changé. »
« J’ai déjà manifesté avec les Catalans. Ça fait longtemps que je suis sensible à la cause des Catalans. Les images sont désastreuses. Madrid a agi de façon antidémocratique. Le vol des urnes, c’est le viol des droits fondamentaux dans une démocratie. »
« C’est complètement inadmissible de la part de n’importe quel pays qui se définit dans un cadre démocratique. C’est assez extravagant qu’un gouvernement qui se trouve dans la sphère occidentale et qui se dit démocratique ait recours à cette violence ouverte contre des institutions démocratiques et contre le processus électoral. Il y a quelque chose de burlesque dans l’attitude du gouvernement espagnol de voler des urnes, de s’attaquer à des vieillards et à des enfants, de tirer des femmes par les cheveux pour les empêcher d’accomplir l’acte démocratique le plus fondamental. »