Boris Proulx | Journal de Montréal
OTTAWA | Le Parti libéral du Canada a envoyé une lettre des Fêtes en anglais seulement à des foyers québécois pour solliciter des dons, « un véritable manque de respect » selon des groupes de défense de la langue.
Le bureau central du Parti libéral du Canada (PLC) à Ottawa n’a pas cru bon traduire en français son invitation à « partager sa fierté canadienne en cette saison des Fêtes » postée à au moins deux citoyennes de Montréal et de Laval.
Les destinataires n’étaient pas membres ou sympathisantes libérales, et ne portent pas de nom à consonance anglophone. Elles ignorent pourquoi on leur a envoyé cette documentation non sollicitée, datée du 17 novembre et transmise au Journal.
« Ce genre d’erreurs est inexcusable. Comment peut-on aujourd’hui ne pas comprendre que le Québec est français », s’insurge Jean-Paul Perreault, président d’Impératif français.
« Ce cas, parmi tant d’autres, donne raison à ceux et celles qui considèrent le Parti libéral comme le parti des Anglais », ajoute Maxime Laporte, qui dirige la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal.
Pourtant, « c’est le genre de pays que nous construisons ensemble », précise en anglais la lettre, qui fait la liste des bons coups du gouvernement. Elle porte la signature de Justin Trudeau, accompagnée d’autocollant des Fêtes « Happy Holidays » aux couleurs libérales.
Erreurs
Le PLC a assuré que les lettres transmises au Journal constituaient « des erreurs » qui arrivent rarement.
Ce genre de courrier est envoyé à des milliers de personnes au pays, dont « des citoyens de qui nous espérons recevoir éventuellement l’appui », précise la porte-parole du Parti libéral Elyse Surette-DiMuzio.
Il n’a pas été possible de savoir combien de foyers francophones avaient été classés comme anglophones par le parti.
Pour le député du Bloc québécois Mario Beaulieu, l’incident « n’est pas anecdotique, mais systématique » du traitement du français chez le parti au pouvoir.
« Choquant »
« C’est choquant, dégueulasse. Ça nous montre que les libéraux fédéraux font officiellement la promotion du bilinguisme, mais méprisent en fait le français », a-t-il réagi à la lecture de la missive.
Le NPD a aussi qualifié le document de « manque de respect envers les Québécois » pour avoir été rédigé uniquement dans la langue de Shakespeare.
« Lorsqu’on parle à l’ensemble des citoyens, ça doit se faire dans la langue d’usage, le français », croit le néo-démocrate Alexandre Boulerice, qui souligne que son parti peut communiquer avec ses membres en anglais à leur demande.
Le bureau du premier ministre Justin Trudeau n’a pas souhaité commenter, renvoyant les questions à son parti.
— Avec la collaboration de Maxime Huard