« J’ai fait une erreur », admet Valérie Plante, au lendemain d’un discours prononcé exclusivement en anglais mardi devant un parterre d’investisseurs étrangers. La mairesse se dit aussi surprise par l’ampleur prise par cette affaire.
En pleine crise linguistique sur la protection de la langue française en Ontario, Mme Plante – mairesse de la plus grande ville francophone d’Amérique du Nord et de la métropole du seul État unilingue français d’Amérique – a fait son discours uniquement en anglais, à deux exceptions près : la formule de salutations « Bon matin à tous et à toutes » – un calque de l’expression anglaise good morning – et un « merci » à la fin.
« Mea culpa », a-t-elle confessé sur le réseau social Twitter mardi soir, reconnaissant que son discours « aurait dû être principalement en français ».
« Je suis sortie de mon texte », a expliqué la mairesse.
Le discours en question venait souligner l’arrivée à Montréal de trois entreprises britanniques spécialisées en intelligence artificielle.
Je suis fière d’être la mairesse de la métropole francophone d’Amérique du Nord et je demeure engagée à faire la promotion de notre langue commune et officielle sur toutes les tribunes.
Questionnée sur le sujet après son discours, Mme Plante s’était contentée de dire sa fierté d’être « la mairesse de la plus grande métropole francophone à travers l’Amérique du Nord ». « Est-ce qu’il y a d’autres questions? », avait-elle demandé ensuite, visiblement irritée de s’être fait prendre en défaut.
La langue de Molière est la langue officielle de la Ville de Montréal, le premier article de la Charte de Montréal décrétant que « Montréal est une ville de langue française ». Les entreprises dont la venue a été annoncée mardi seront d’ailleurs soumises à la « loi 101 », une loi québécoise qui stipule que la langue de communication au travail doit être le français ou « le français et une autre langue le cas échéant ».
Après la publication de plusieurs articles dans les médias, la mairesse a cru bon de revenir sur le sujet lors de la réunion hebdomadaire du comité exécutif de la Ville, mercredi matin.
« J’ai fait une erreur, clairement, en m’adressant aux gens qui étaient présents essentiellement en anglais », a-t-elle admis d’emblée.
Sans vouloir « expliquer le contexte », elle a tenu à rappeler qu’en tant que mairesse, elle faisait « une douzaine d’allocutions par semaine, qui sont toutes en français – tout le temps, tout le temps, tout le temps – et dans lequel il peut y avoir des segments en anglais lorsque le contexte le demande ».
« Mais je comprends la sensibilité et je la reconnais », a-t-elle conclu.
Pressée de questions sur le sujet en marge d’une autre annonce, mercredi midi, la mairesse s’est dite surprise par l’ampleur de la controverse.
« C’est tellement un oubli bête! », s’est-elle exclamée. « J’étais fâchée contre moi, au final. C’est vraiment ça qui s’est passé. C’est vraiment après que j’ai réalisé que je n’avais pas fait mon allocution en français. En fait, je n’ai pas suivi mon texte, parce que mon texte était en français. »
Des actions concrètes demandées
Le Mouvement Québec français (MQF), un organisme de défense de la langue française, estime que les excuses de la mairesse sont insuffisantes.
« C’est bien, mais vu la récurrence des faux pas commis par l’administration Plante quant au statut du français à Montréal […], il faut de l’action, du concret », écrit son président, Maxime Laporte, dans un communiqué transmis tôt mercredi matin.
Nos élus ont le devoir absolu de bien faire sentir qu’au Québec, la seule langue commune de nos institutions publiques et politiques, c’est le français.
Le MQF demande à la mairesse Plante de faire respecter la loi 101 au sein de son administration et de créer un poste de « responsable de l’application de la Charte de la langue française » au sein du comité exécutif.
L’organisme précise que la Ville pourrait offrir une traduction simultanée – comme cela se fait à travers le monde – à ses hôtes qui ne comprennent pas la langue officielle de la métropole québécoise.