Rechercher

D’un Trudeau à l’autre…
et autres réflexions sur la politique

Maryse Laurence Lewis  | Le Patriote – sept 2016

 

Rien ne m’agace davantage, le jour d’une élection, que rencontrer un voisin qui me demande si j’ai fait mon devoir. Je réponds que la politique me préoccupe plus qu’une fois par quatre ans et que je n’ai pas à être jugée par quelqu’un dont l’unique compromis est de voter une fois de temps en temps.
trudeau 1 et 2
D’abord, voter n’est pas un devoir, c’est un droit. Avant qu’il soit octroyé, les humains ont été soumis à des despotes durant des milliers d’années. Avant que ce ne soit plus un droit réservé à une élite, il a fallu lutter encore des siècles. Et avant que les femmes puissent voter, il a fallu attendre le XXe siècle! Au XXIe, certains pays n’ont même pas de gouvernement élu, et des lieux antidémocratiques comme le Koweït le réserve encore à une élite d’hommes.

Ici, on nous martèle l’idée du vote stratégique. Voyons où ça nous mène : on a élu les libéraux fédéraux. Les gens se sentaient soulagés de ne plus se soumettre à Harper. Nous voici avec un pantin ayant le même degré d’orgueil que son papa, sans toutefois le même degré de culture. Une marionnette qui gesticule beaucoup et qui ne sait rien faire d’autre que s’exhiber. Des gens sont étonnés de savoir qu’il promeut la construction de l’oléoduc Énergie Est, après s’être pavané au sommet de Paris sur l’environnement! Comme s’ils ignoraient qu’un directeur de sa campagne électorale faisait de la collusion, en indiquant aux gestionnaires d’Énergie Est « qui » ils devaient convaincre au sein du parti Libéral. La naïveté de certains journalistes, même dans la presse de « gauche », ne me surprend même plus… Justin a tenu sa promesse de baisser les impôts… pour les plus nantis. Jusqu’à maintenant, sa seule grande réalisation est d’avoir paru au Défilé de la Fierté. Son cabinet comprend autant de femmes que d’hommes, mais une majorité d’unilingues anglais. Il respecte tant les femmes et ses promesses de refaire du Canada un promoteur de la paix, qu’il vend des chars d’assaut à l’Arabie Saoudite, lieu connu pour sa manière de traiter les femmes et trancher des têtes. Il est si pacifiste qu’il enverra des militaires se faire tuer en Europe de l’Est, pour souscrire à la tyrannie étatsunienne. Sa politique est la même que celle de Stephen Harper, avec l’hypocrisie en prime. C’est le Québec qui lui a permis d’être élu, et personne n’affiche plus de mépris envers les Québécois que ce fils de Pet. Car c’est tout ce qu’il est au fond, un fils de Pet !

Le vrai vote stratégique aurait consisté à réélire Stephen Harper. Les Québécois endormis auraient (peut-être!) fini par se réveiller et se rendre compte une fois pour toutes de ce qu’on peut attendre du fédéralisme, de la dépendance, des « beaux risques » et de la souveraineté association. Demander au dominant ce qu’il consent à nous accorder, ce n’est pas de l’indépendance. Conserver la même monnaie, c’est de la dépendance. Garder le même passeport, c’est demeurer sujets du royaume d’Angleterre. La royauté ou la monarchie constitutionnelle, c’est beaucoup plus dépassé que le nationalisme, n’en déplaise à feu papa Trudeau.

De même, j’entends les gens paniquer au nom de Donald Trump. Pourquoi? Y a t-il des ignorants qui pensent que les États-Uniens ne sont plus racistes parce qu’une majorité d’immigrants ont voté pour Barack Obama? Ce n’est pas un Noir. C’est un homme, président d’un pays despotique, où les citoyens reçoivent moins de services que dans tout autre pays riche. Hillary Clinton a déclaré plus de conflits et fait massacrer plus de gens que George Bush Junior. Trump veut cesser la vocation de gendarme du monde des États-Unis. Ce n’est pas Madame Clinton qui le fera… On a éliminé tout espoir de changement en éjectant Bernie Sanders. Il n’y a rien à attendre maintenant, ni des Républicains, ni des Démocrates.

Il serait temps que « la masse » décide de ne plus être traitée comme une matière malléable. Mais… « Que voulez-vous! », quand Harper proclame qu’il financera l’achat d’avions de guerre, qu’il interviendra dans des pays indépendants, qu’il avantagera les entreprises privées et coupera les services sociaux, et que les Canadiens le réélisent majoritaire… Quand on hue Pauline Marois qui n’a pas fait grand-chose, qu’on annonce à la télé d’État que Couillard utilise des paradis fiscaux, et que les gens votent pour lui… Quand tout le monde se moque des blagues plates de Denis Coderre et qu’on vote pour lui… Eh bien, on obtient ce qu’ils nous ont toujours dit qu’ils feraient : privatiser, encourager les évasions fiscales, salir l’environnement, bafouer les Québécois, couper les programmes sociaux payés par les citoyens qui n’y ont plus droit…

À petite échelle, on met la municipalité en berne avec des travaux partout, recommencés d’année en année pour plaire à la Mafia. On rénove des arénas en bon état et on laisse des écoles fermées pour cause de moisissure dans les murs. On donne des millions pour des horreurs d’art public jamais choisis par ledit public, et on cesse de subventionner les organismes d’entraide. On engraisse les médecins spécialistes et on congédie les intervenants en santé. Voilà les priorités de nos gouvernements.

Pourquoi est-ce que les syndicats ne demandent pas à leurs membres de ne pas payer leurs impôts, tant qu’on n’abolit pas les paradis fiscaux? À commencer par celui du Canada, qui est l’île Caïman des entreprises minières. Pourquoi est-ce que les syndicats n’appellent pas à la grève générale? Au lieu de conduire leurs wagons et ne pas s’arrêter, quand il y a une grève des transports, il serait plus logique de laisser entrer les gens dans le métro sans payer… C’est ce genre de stratégies que les syndicats devraient proposer aux employés. Les patrons prendraient moins de temps à négocier! Si les pompiers crèvent des pneus de camions ou des tuyaux, ce sont encore les citoyens qui souffrent, pas les employeurs.

Quand les exploités s’empressent d’aller voter stratégiquement pour leurs exploiteurs, et qu’on est trop peureux pour exiger l’indépendance, ce n’est pas seulement parce qu’on est « né pour un petit pain », mais… trépané pour un petit pain.

Conseil de lecture en terminant, pour les indécis et les Yvette qui ont voté pour le fils de Pet parce qu’elles le trouvent joli : Une escroquerie légalisée – Précis sur « paradis fiscaux », par Alain Deneault, paru en 2016 aux Éditions Écosociété.

 

 

 

Par AMOUR de la Patrie  depuis 1834

82, rue Sherbrooke Ouest,
Montréal (Québec) H2X 1X3
Téléphone : (514) 843-8851
CONTACTS ET COURRIELS