Article de Mathieu Bock Côté paru dans le Journal de Montréal du 10 décembre 2013
Mathieu Bock-Côté
«L’indépendance n’a pas de sens si elle n’est pas connectée à l’identité québécoise.
Le dernier sondage Léger semble confirmer la stagnation électorale du PQ. Malgré ses efforts, il ne parvient pas à dépasser la barre des 32 ou 33 %. On en trouve immédiatement pour condamner la «stratégie identitaire» du gouvernement. Loin de lui donner un nouvel élan, elle l’aurait plombé. La souveraineté elle-même en paierait le prix. Il lui faudrait revenir à une gestion au jour le jour plus «raisonnable».[…]
Dans ce contexte, quelle est la part de la stratégie identitaire? Peut-on lui faire porter la responsabilité des actuelles difficultés péquistes? Ce serait aussi grossier qu’inexact. D’abord, parce qu’il ne s’agit pas que d’une «stratégie». mais bien d’un retour aux fondements existentiels du projet souverainiste: il s’agit d’abord d’assurer la survie et l’émancipation du peuple québécois. L’indépendance n’a pas de sens si elle n’est pas connectée à l’identité québécoise.
Cela ne veut pas dire que la stratégie identitaire a les vertus d’une potion magique dopant immédiatement les résultats électoraux du PQ. Elle donnera ses effets peu à peu. D’abord, en donnant une nouvelle crédibilité à l’option souverainiste. Ensuite, en favorisant l’intégration des immigrants et en précisant les attentes de la société d’accueil à leur égard. Enfin, en révélant la contradiction fondamentale entre l’identité québécoise et le multiculturalisme canadien.