En ce 225e anniversaire du grand chef Patriote : où sont nos « têtes à Papineau »?

En ce 7 octobre, jour du 225e anniversaire de naissance de Louis-Joseph Papineau, nos politiciens auraient tout intérêt à s’inspirer du chef du Parti Patriote. Tout au long de sa carrière, Papineau a cherché à affranchir son peuple de l’emprise de la Couronne britannique. À l’inverse, le gouvernement fédéral déploie des efforts considérables pour redonner au Canada ses airs de colonie d’antan, avec des forces militaires dites « royales », comme si elles devaient encore être au service de la perfide Albion. Et tandis qu’une écrasante majorité de Québécois considèrent la monarchie comme une institution désuète, archaïque et antidémocratique, le pavoisement compulsif de portraits d’Élizabeth II au ministère des Affaires étrangères et dans nos embassades bat son plein.
Papineau

Au gouvernement du Québec, il serait opportun de s’adonner à la lecture des 92 Résolutions, que Louis-Joseph Papineau fit adopter en 1834. À cette époque, le Parti Patriote, majoritaire au parlement, luttait contre la corruption de divers Bureaux Publics de l’administration britannique qui exigeaient illégalement des honoraires exorbitants. Cent-soixante-quinze ans plus tard, l’impuissance des élus à empêcher la dilapidation de nos impôts apparaît très analogue.

La résolution 82 affirmait « que depuis le commencement de la présente session, un grand nombre de requêtes relatives à l’infinie variété de sujets qui tiennent à l’utilité publique, ont été présentées ; plusieurs enquêtes importantes ordonnées par elle, dans plusieurs desquelles le gouverneur en chef se trouve personnellement et profondément impliqué ; lesquelles requêtes de nos constituants, le peuple de toute les parties de la province. lesquelles messages du gouvernement de Sa Majesté et du gouvernement provincial, lesquelles enquêtes commencées pour être continuées avec diligence, peuvent et doivent nécessiter la présence de nombre de témoins, la production de nombre d’écrits, l’emploi de nombre de commissaires, messagers, assistants, impressions, déboursés inévitables et journaliers. »

La résolution 83 martelait « que le refus du gouverneur en chef de commander ces enquêtes, dans la circonstance actuelle, nuit essentiellement à la dépêche des affaires pour lesquelles le parlement a été convoqué, est contraire aux droits et à l’honneur de cette chambre, et est un nouveau grief contre l’administration actuelle de cette province. » Or, l’actuel gouvernement du Québec a aujourd’hui les deux mains sur le volant des pouvoirs d’enquête publique qui manquaient si cruellement au Parti Patriote mais refuse de s’en servir. Si Papineau savait cela, il se retournerait sûrement dans sa tombe.

Enfin, jamais de toute sa vie Louis-Joseph Papineau n’a dérogé à ses convictions républicaines. Sa tête ayant été mise à prix par le gouverneur britannique, Papineau refusa plusieurs fois d’échanger son retour d’exil contre son serment d’allégeance à la Couronne britannique et la renonciation à ses idéaux d’indépendance. Pour l’épanouissement de son peuple, ne vaut-il pas mieux faire preuve de persistance dans ses convictions souverainistes plutôt que de les mettre en veilleuse à la faveur d’une flambée dans les sondages? Chose certaine, face aux siens et à l’histoire, les choix de Louis-Joseph Papineau en ont fait un immortel.

Mario Beaulieu et Christian Gagnon
Président et conseiller général de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal