Décès de Denise Boucher

« Je ne suis pas une esclave du féminisme. Je suis féministe.
On va continuer à chanter et à danser comme des fées du moyen-âge.
Je suis née au Québec et j’ai au cœur l’amour des québécoiseries »…
Denise Boucher, poète, écrivaine et dramaturge, est décédée aujourd’hui, le 18 mars, entourée de ses proches.
Denise Boucher naît le 12 décembre 1935, à Victoriaville. Son père étant chef de police, elle passe son enfance dans un appartement de fonction à l’Hôtel de ville où se trouvent les bureaux de police, la prison, le bureau du juge municipal, le conseil de ville, le cinéma, une salle de concert. Pour la petite Denise, ce lieu est comme le centre du monde et donne accès à toute la culture.
Bien qu’elle grandit dans un milieu modeste, les influences artistiques sont très présentes. Sa mère chante beaucoup, son père aime peindre et dessiner, des voisins et amis de famille sont artistes… Avec ses frères et sœurs, elle fréquente le Théâtre Victoria, une salle multidisciplinaire adjacente à leur appartement qui permet aux six enfants de regarder une foule de films.
Élève douée et précoce, elle est une lectrice vorace et passionnée. Elle marque ses professeurs par son talent d’écriture et de composition, de la petite école jusqu’à la douzième année. Quand elle quitte le couvent où elle étudiait, la mère supérieure lui dira : « On se demande si nous avons une littérature et des écrivains bien à nous, il vous sera offert d’en faire la preuve. »
Et Denise Boucher en a bien fait la preuve : chroniques dans les journaux, paroles de chanson, elle fait paraître son premier recueil de poésie, Cyprine, en 1978, puis Grandeur nature en 1993 et Boîte d’images en 2016. Son livre Retailles écrit en 1977 inspire les comédiennes Michèle Magny et Sophie Clément à lui demander d’écrire pour le théâtre. Cela donnera les inoubliables Fées ont soif, dont on se souviendra longtemps de l’impact retentissant. Elle écrira en 2003 toutes les paroles de la tragédie-gospel, Jézabel, pour Gerry Boulet, en collaboration avec son ami Dan Bigras. De nombreux livres suivront dont une autobiographie, Une voyelle, pendant féminin inventé du mot «voyou».
Amie de nombreux artistes et de militants pour l’indépendance, alors qu’elle traverse une barricade entre le Québec et l’Ontario à la suite de la loi sur les mesures de guerre, madame Boucher déchire en morceaux, puis avale tous les papiers sur lesquels on peut trouver des listes de noms et d’adresses… L’on se souviendra que plus de 400 individus potentiellement dangereux pour le pouvoir furent détenus, surtout des poètes, des syndicalistes, des membres du RIN, durant cette période trouble. Denise Boucher fut elle-même arrêtée alors qu’elle prévoyait se rendre à une soirée. Elle fera son entrée à Parthenais en tenue chic de soirée!
Récipiendaire du Prix du Poète en 2002, du prix Adagio en 2015 et du prix Hommage Québecor en 2019, Denise Boucher a toujours eu la langue française à cœur et le pays à faire tatoué dans l’âme. Elle a milité aux côtés de la présidente de la SSJB, Nicole Boudreau, lors de la tournée nationale d’information sur l’état de la Loi 101 pour le droit de vivre en français au Québec. Elle a côtoyé de nombreux présidents dont Guy Bouthillier et Marie-Anne Alepin, la présidente actuelle, a d’ailleurs recueilli cette sublime phrase en exergue quelques heures avant la mort de Mme Boucher.
Pauline Julien, Louise Forestier, Dan Bigras, Cloé Ste-Marie et Gerry Boulet pour qui elle a écrit Un beau grand bateau, ont chanté les mots de Denise Boucher. Les comédiennes Louisette Dussault, Michèle Magny, Sophie Clément, Bénédicte Décary, Monique Mercure, et plusieurs autres ont dit ses mots.
Et aujourd’hui 18 mars 2025, Denise Boucher a écrit le mot Fin à la dernière page de sa vie…
SOURCE :


Marie-Anne Alepin
Présidente générale Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
Au service de la patrie depuis 190 ans