Être patriote en 2015?

Robin Philpot |  Huffington Post

Robin Philpot Lorsque la Société Saint-Jean-Baptiste m’a décerné le grand honneur du titre Patriote de l’année 2015-2016, on m’a demandé qu’est-ce qu’ un patriote en 2015?

Voici ma réponse.

La souveraineté nationale est au cœur du combat pour la liberté et la paix. Elle l’a été hier, l’est encore plus aujourd’hui et le sera davantage demain.

Surtout dans ces périodes troubles où la menace de guerre plane et nous risquons de nous faire tellement balloter d’un bord et de l’autre que nous perdrons nos repères politiques.

 

Puiser dans les sources de notre mouvement

Dans de tels moments, il nous incombe de puiser dans les sources de notre mouvement. D’abord, dans les sources plus lointaines, particulièrement de la période des Patriotes de 1837-38, époque riche en enseignements sur la manière de réunir autour d’idées phares une population dont la diversité sociale, économique, nationale, religieuse et culturelle n’est pas si loin de la nôtre.

L’autre source incontournable est la période qui a vu naître le mouvement de libération du Québec, soit celle de la fin de la Seconde Guerre mondiale où les bases de la paix dans le monde ont été établies, l’ONU a été créée et les colonies de l’Afrique et de l’Asie se sont libérées. Les principes fondateurs de ces grands jalons de l’histoire, soit l’égalité souveraine des nations, le respect de la souveraineté nationale et des territoires nationaux, le droit inaliénable des nations de disposer d’elles-mêmes, sont autant de phares que nous cache le brouillard guerrier actuel de ce «nouvel ordre mondial» imposé depuis 25 ans.

Bref, en s’inspirant des principes des deux grandes époques pour établir une politique étrangère du Québec, nous contribuerons, dès aujourd’hui, à la paix mondiale. Et cette contribution se décuplera dès que le Québec sera libre et indépendant.

Mieux connaître nos adversaires

Comme dans un combat de boxe, le gagnant sera celui qui connaît son adversaire, le connaître même mieux qu’il se connaît lui-même. Les unitaristes canadiens, en se servant de Think Tanks, du Conseil privé et d’autres chaires de recherche du Canada, étudient le mouvement indépendantiste québécois sous toutes ses coutures. Les dirigeants politiques savent quels boutons pousser pour semer la division dans nos rangs. Du grand front uni de 1995, il ne reste que des souvenirs. Le Canada de 2015 n’est pas celui de 1995, encore moins celui de 1980 ou de 1960. Nos connaissances du Canada sont-ils à jour? Saurions-nous distinguer nos adversaires de nos éventuels alliés? Savons-nous comment on perçoit le Québec aujourd’hui, comment on le présente? J’en doute.

Sans de grands efforts en ce sens, nous marcherons de nouveau, tête baissée, dans les pièges à ours que l’on nous pose; les débats débilitants, accablants, des dernières années en sont les meilleurs exemples.

Aller là où on ne nous attend pas

L’heure est à la créativité politique. La presque victoire – ou victoire volée – de 1995 a eu pour effet de nous figer dans une stratégie politique électorale axée sur un éventuel référendum, mimant en cela celle qui a précédé le 30 octobre 1995. Mais surtout, à l’extérieur de la politique purement électorale dans ce qu’on appelle la «société civile», elle nous a fait entrer dans un grand entonnoir où l’espace d’action et la portée de notre discours se rétrécissent constamment. Nous parlons avec moins de monde; nous franchissons de moins en moins de barrières; des secteurs entiers de la population québécoise nous sont étrangers – autant pour des raisons de classe sociale que d’origine nationale. Le taux de participation aux élections toujours plus faible depuis le sommet de 1995 (94%) en est la preuve. Rompre avec cette tendance lourde demandera de la créativité. Mais l’actualité abonde d’occasions à saisir.

Les réfugiés syriens, par exemple. Au lieu de se faire embobiner par nos adversaires dans un débat stérile sur la date, le nombre ou la couleur des yeux, pourquoi ne pas surprendre tout le monde, y compris nous mêmes.

Oui M. Couillard nous recevrons à bras ouverts les réfugiés syriens; nous en sommes capables, nous l’avons toujours fait, depuis l’arrivée de Hurons et les Abénakis au 17e siècle. Ils viendront nous enrichir de leur culture et de leurs compétences. Nous les accueillerons dans nos quartiers, nos écoles françaises, nos milieux de travail, nos organisations communautaires, nos syndicats. Et nous avons les infrastructures pour le faire.

Mais M. Couillard nous nous souviendrons! D’abord de votre duplicité: vous nous attribuez les pires attitudes au sujet des réfugiés, mais en même temps vous nous infligez des politiques d’austérité qui sont autant d’obstacles à leur accueil et à leur intégration. S’il y a des problèmes, c’est vous qui en porterez la responsabilité. Mais nous nous souviendrons surtout votre air de chien battu dans les relations avec Ottawa, qui décide de tout en la matière.

Nous vous combattrons Messieurs Couillard et Trudeau afin de conquérir tous les pouvoirs et tous les moyens économiques et sociaux d’un pays normal qui saura accueillir dignement des réfugiés et contribuer ainsi à la paix dans le monde.

 

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