Français déficient au cégep – La faute au système

Article de Jean-Philippe Arcand paru dans le Journal de Québec, édition du 12 novembre 2009.

Le taux d’échec alarmant des cégépiens francophones à l’épreuve uniforme de français en 2008-2009 témoigne de la «faillite du système d’éducation québécois» et du «déclin du français dans la société en général», estiment des spécialistes et défenseurs du français au Québec.
On apprenait aujourd’hui que cette année, 17% des étudiants francophones de niveau collégial ont échoué l’épreuve, nécessaire à l’obtention de leur diplôme. Il s’agit d’ailleurs du deuxième taux d’échec le plus élevé au cours des dix dernières années.

En entrevue à 24H, le président de la Société Saint-Jean-Baptiste, Mario Beaulieu, explique ces piètres résultats par l’anglicisation du système éducatif en général, particulièrement au primaire et au secondaire.

«De plus en plus d’entreprises constatent qu’au sortir du secondaire V, plusieurs étudiants ne maîtrisent même pas les connaissances de base en français», souligne-t-il.

De son côté, le président d’Impératif Français, Jean-Paul Perreault, perçoit dans cette situation le résultat d’une «banalisation» du français à l’échelle de la province.

«Au sein de la société québécoise, le français n’est plus considéré comme une langue prestigieuse», déplore-t-il.

L’échec d’un système

Pour le sociologue Mathieu Bock-Côté, un tel nombre d’étudiants n’ayant pas réussi l’épreuve est «symptomatique de l’échec de l’ensemble du système d’éducation québécois».

«On constate l’échec de l’école québécoise dans sa tentative d’enseigner le français comme étant autre chose qu’une langue qu’on baragouine», explique-t-il.

Selon lui, le problème découle entre autres des nombreuses réformes éducatives décrétées par Québec au cours des années, qui privilégient notamment l’enseignement de compétences plutôt que de connaissances.

«Si l’école continue de renier sa mission traditionnelle, la situation va continuer de se disloquer», prévient-t-il.

Enfin, M. Bock-Côté trouve «désolant, mais pas surprenant» les critères d’évaluation considérés faibles par plusieurs, alors qu’on permet notamment aux élèves de faire jusqu’à 30 fautes d’orthographe dans leur texte avant de considérer l’examen comme étant échoué.

«C’est un maquillage technocratique de l’échec», lance-t-il.

La ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, a déjà indiqué que les exigences seraient revues d’ici l’automne 2010.

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