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Georges-René SAVEUSE de BEAUJEU

Georges-Rene SAVEUSE de BEAUJEUAurais-je été tenté d’adhérer à la SSJB en 1862, à l’époque où son président était nul autre qu’un seigneur du nom de Georges- René Saveuse de Beaujeu ? Mon petit doigt me dit que non, d’autant que le système seigneurial, maintenu par les autorités britanniques avec l’Acte de Québec (1774), représentait la hiérarchie et l’inégalit sociale par excellence. Pas très « solidaire » comme concept ! N’empêche que, tout bien considéré, l’idée de pouvoir fraterniser avec un Mario Saveuse de Beaulieu n’aurait peutêtre pas été si désagréable que cela… mais, assez rêvé ! Autres temps, autres moeurs.

Georges-René Saveuse de Beaujeu – appelons-le G.R. pour plus de commodité – est né à Montréal le 4 juin 1810. Il était le fils de Jacques-Philippe Saveuse de Beaujeu, protonotaire et seigneur, et de Catherine Chaussegros de Léry, elle aussi, comme son nom le laisse facilement deviner, une grosse pointure. Bref, il est né avec une cuiller d’argent dans la bouche.

Pour nous remémorer notre histoire, qui comme on sait, avec les mots inspirés d’Adolphe-Basile Routhier, est une épopée, G.R. se trouve à être le descendant en ligne directe du capitaine de Beaujeu qui se fit héroïquement tuer à la Monongahéla (à l’emplacement de l’actuelle ville de Pittsburgh, en Pennsylvanie), le 9 juillet 1755. Rappelons que cette fameuse bataille, qui eut cours lors de la guerre de Sept Ans, se termina par une cuisante défaite des Britanniques opposés à l’alliance de l’armée française, de la milice canadienne et de leurs alliés amérindiens. Le général britannique Edward Braddock qui mena l’expédition contre le fort Duquesne fut tué et c’est le jeune colonel George Washington qui dirigea la retraite.

G.R. étudia au Petit Séminaire de Montréal de 1820 à 1825. À vingt-deux ans, à la suite du décès de son paternel, il devient propriétaire du fief de la Nouvelle-Longueuil, qui débordait la frontière du Bas-Canada, et de la seigneurie de Soulanges. Cette année là, à Saint-Jean-Port-Joli, il épouse Adélaïde- Catherine-Suzanne, fille cadette de Philippe- Joseph Aubert de Gaspé, seigneur, avocat et écrivain (auteur des Anciens Canadiens), et de Suzan Allison. Que fait-on quand on est riche et bien marié ? Eh bien, G.R. choisit de s’établir à Côteau-du-Lac et y fait ériger  un manoir. C’est la dolce vita (aujourd’hui on dirait la « grosse vie sale ») et toute la progéniture qui s’ensuivra dans l’allégresse.

En 1846, à la mort de son oncle paternel, il hérite du titre de comte de Beaujeu. Sous le gouvernement de Louis Hippolyte La Fontaine et de Robert Baldwin, il accéda, en 1848, au Conseil législatif, comme son père avant lui. Le conseil étant devenu électif en 1856, il y fut réélu aux élections de 1858 et 1862 pour la division de Rigaud. Président de la Chambre d’agriculture du Bas-Canada, lieutenant-colonel du 8e bataillon de milice de Montréal, il fut aussi l’un des fondateurs en 1858 de la Société historique de Montréal. C’est en 1862 qu’il fut élu comme 15e président de la SSJB… mais pour une année seulement.

Georges-René Saveuse de Beaujeu mourut le 29 juillet 1865, à son manoir de Côteau-du- Lac, à l’âge de Liberté 55. On dit qu’il avait de nombreux enfants, dont trois filles qui devinrent religieuses, un fils qui fut député de Soulanges et un autre qui dépensait sans compter et qui mourut pauvre comme Job. Mais on dit tellement de choses…

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