Audio fil du mercredi 28 novembre 2018
La vie d’Hélène Pedneault racontée par Francine Pelletier
Indépendantiste, féministe, environnementaliste, Hélène Pedneault s’est battue toute sa vie contre l’injustice et pour les grands combats de son temps. La journaliste et féministe Francine Pelletier, son amie et partenaire de lutte, raconte son importance pour le Québec. Elle croit que son indignation la décrit plus adéquatement : « Elle était une perpétuelle indignée. »
Le féminisme lui colle davantage à la peau, entre autres grâce à ses « chroniques délinquantes » (1982-1987) dans le magazine La vie en rose, qui la font connaître du grand public.
Hélène Pedneault désire avant tout que les femmes laissent leur marque. « Ce qui la motive beaucoup par rapport aux femmes, c’est que les gars savent comment faire l’histoire, comment creuser leur sillon, et les femmes ne le savent pas encore. C’est ce qu’elle trouve injuste », explique Francine Pelletier.
Sa lutte pour l’indépendance du Québec est également marquante. Aujourd’hui, la Société Saint-Jean-Baptiste décerne chaque année un prix portant son nom.
Hélène Pedneault épouse plus tard la cause de l’environnement, notamment en cofondant la coalition Eau Secours.
C’est assez visionnaire de sa part. Autant on parle d’indépendance et de féminisme dans les années 70 et 80, l’environnement a de la difficulté à placer un mot. On ne prend pas ça très au sérieux encore, et Hélène est visionnaire avant tout le monde.
La vigueur de son implication sociale lui vaut aujourd’hui d’être comparée à Pierre Bourgault : « Ils portent une cause comme nulle autre. Ils ont une capacité de convaincre qui est assez inhabituelle. Oui, ce sont deux figures emblématiques, passionnées, indignées et militantes du Québec », affirme la journaliste.
Un coup de maître
En 1984, Hélène Pedneault décroche une entrevue avec Simone de Beauvoir pour La vie en rose. « Hélène voue une admiration sans bornes à Simone de Beauvoir. Elle a tout lu, depuis sa tendre adolescence. Elle est une disciple de Simone de Beauvoir. Elle sait pertinemment que Simone de Beauvoir commençait à se faire vieille et ne donnait plus d’entrevue », explique Francine Pelletier.
La stature de la romancière et philosophe française impressionne la jeune Hélène Pedneault de l’époque.
Autant elle met le doigt sur le bobo de tout ce qui bouge, sur la place publique, la question de l’intimité, la vie personnelle, elle n’en parle jamais en ce qui la concerne. Face à Simone de Beauvoir, on n’en parle pas.
Une écriture de grand talent
En 1988, la pièce La déposition révèle l’écrivaine. « Hélène est d’abord et avant tout une écrivaine. C’est son souhait le plus profond. Depuis l’âge de 5 ans, elle rêve d’être écrivaine », soutient Francine Pelletier.
Elle meurt d’un cancer en 2008, à 56 ans. Francine Pelletier lui rend alors hommage avec un texte intitulé La solitude de la coureuse de fond. « Elle est impliquée dans tout ce qui bouge, mais c’est une femme qui vit seule et qui n’a pas eu vraiment l’amour qu’elle méritait dans la vie. »
Pour faire mentir cette solitude, Hélène Pedneault est morte entourée de plusieurs amies qui ont pris soin d’elle jusqu’à la fin.