Le 6 juillet dernier, l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba (UNMSJM) annonçait le retour de la fameuse cloche au village de Batoche, en Saskatchewan. La cloche de l’église de Batoche avait été dérobée après le massacre des Métis par l’armée canadienne en mai 1885. Capturé lors de cette même bataille, Louis Riel, maintenant reconnu comme fondateur du Manitoba, a été pendu le 16 novembre 1885 à Regina, au terme d’un procès considéré aujourd’hui comme un véritable simulacre de justice.
La SSJB est fière de manifester sa solidarité avec le peuple Métis, héritier de Louis Riel. Par le retour de la cloche ce 20 juillet 2013, les Métis et les francophones de l’Ouest retrouveront une partie de leur dignité.
Pour l’occasion, le drapeau métis flottera devant la maison Ludger-Duvernay. On se souviendra qu’en 1885, la SSJBM avait pris la tête de la campagne contre l’exécution de Louis Riel, chef des Métis canadiens-français. Des dizaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues de Montréal et avaient inondé de lettres le gouvernement canadien. Le Premier ministre, Sir John A. Macdonald, qui empêcha que la peine de Riel fut commuée ou révisée, déclara à cette époque : « Il sera pendu, même si tous les chiens du Québec aboient en sa faveur ». Majoritaires en 1870, les francophones du Manitoba (langue parlée à la maison) forment maintenant moins de 2% de la population (moins de 0,5% en Saskatchewan).
La cloche sera remise officiellement dans son clocher d’origine au cours d’une cérémonie , le 20 juillet 2013, qui réunira des dizaines de milliers de Métis du Canada et des États-Unis (http://www.radio-canada.ca/regions/manitoba/2013/06/17/006-annonce-retou…). Pour bien saisir l’intérêt de cette nouvelle pour les francophones d’Amérique, écoutez la très intéressante émission de “Tout le monde en parlait” du 31 juillet 2012 (http://www.radio-canada.ca/emissions/tout_le_monde_en_parlait/2012/Repor…), qui donne une bonne idée de la persistante culture orangiste du sud de l’Ontario.
Longtemps disparue, la cloche se trouva jusqu’en 1931 au sommet de la caserne des pompiers de Millbrook (Ontario). Elle a ensuite été exposée à titre de butin de guerre à la Légion canadienne locale. Tout au long des années 1980, les vétérans de Millbrook considéraient encore Louis Riel et ses troupes comme des traîtres au Canada et ont toujours refusé de répondre favorablement aux demandes répétées des Métis de leur rendre leur cloche. Puis en 1991, quelques jours après la visite d’une délégation métisse, la Légion de Millbrook était cambriolée. Disparue à nouveau pendant 22 ans, la cloche sera enfin de retour samedi prochain.