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Il faut des chaires de recherche sur le Québec

«Bien que nos universités comptent encore des chercheurs chevronnés dont les études ont mis le Québec à l’avant-plan, la connaissance du Québec y souffre d’énormes lacunes. Dans plusieurs disciplines, le Québec a disparu de l’horizon des recherches actuelles, au profit de problématiques tournées vers l’international et les études comparées. Ce tournant des sciences sociales […], qui n’est certainement pas une mauvaise chose en soi, s’est fait malheureusement au détriment des études sur le Québec. On constate aussi que, dans une discipline qui a donné au Québec de grands interprètes de son passé, il se trouve dans ses universités très peu de professeurs, sinon aucun, pour approfondir certaines époques critiques de son histoire : la période des rébellions, la guerre de Sept Ans, etc.

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Dans plusieurs autres disciplines, la relève ne semble plus au rendez-vous, tandis que des professeurs prennent leur retraite sans trop savoir si le fruit du travail de toute une carrière s’évanouira dans l’indifférence la plus totale. Ce déclin des études québécoises se ressent sur les conférences et les publications traitant du Québec, dont le nombre stagne ou diminue. De jeunes chercheurs se font même dire qu’il est préférable pour leur carrière de ne pas se spécialiser seulement sur le Québec ou de publier uniquement en anglais.

Cet effacement des études sur le Québec dans les universités québécoises survient à un moment charnière dans l’histoire de l’État québécois. De nombreux fonctionnaires de carrière prennent leur retraite ou la prendront d’ici peu. La crise des finances publiques a raréfié le nombre de spécialistes et de penseurs oeuvrant au sein de l’État québécois. Affairée à gérer les divers programmes de l’État, l’administration publique nourrit trop peu de réflexions stratégiques sur des enjeux qui intéressent le bien-être et l’avenir du Québec : la réforme de l’administration publique, la politique universitaire, le développement du Nord, les impacts des changements climatiques sur le Québec, la décarbonisation de notre économie, l’urbanisme et l’architecture, les divers aspects des relations du Québec avec les États-Unis, son principal partenaire commercial. À trop de reprises dans les dernières années, les citoyens ont eu l’impression que le gouvernement du Québec improvisait et ne disposait pas du recul suffisant pour agir et penser à long terme».

Lettre ouverte publiée dans Le Devoir
Le vendredi 5 avril 2013

Lire la lettre au complet

 

Ont signé ce texte

Gérard Beaudet, professeur, Institut d’urbanisme, Université de Montréal
Marc Chevrier, professeur, Département de science politique, UQAM
Catherine Côté, professeure, École de politique appliquée, Université de Sherbrooke
Alain G. Gagnon, professeur de science politique à l’UQAM et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études québécoises et canadiennes
Guy Lachapelle, professeur de science politique, Université Concordia
Stéphane Paquin, Fulbright Distinguished Chair in Québec Studies, State University of New York, professeur à l’ENAP et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie politique internationale et comparée

 

 

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