Indépendance : Réflexion d’un vieux pédagogue

ROBERT CADOTTE | L’AUT’JOURNAL | 05/05/2014 | (CBR)

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Quand on le relit, huit ans plus tard, on est bien obligé de constater que ce cahier pédagogique était l’antithèse de la propagande fédérale qui déferlait alors à grands frais dans les écoles primaires et secondaires. Il faisait appel à l’intelligence des jeunes. […]

─ Que s’est-il donc passé pour que le PQ subisse une telle défaite? Les analyses ont été nombreuses. Elles ont surtout pointé du doigt les erreurs de tactiques. Untel a commis une gaffe, un autre n’aurait pas du dire ceci ou cela. Ces gaffes auraient tout gâché…

Ce qui surprend dans ces analyses, c’est à quel point elles réfèrent aux théories du marketing et de la publicité (la propagande). Comme si un simple impair d’un leader pouvait transformer en un tournemain, des indépendantistes en fédéralistes.

Pour le pédagogue que je suis, d’aussi rapides revirements sont bien plus l’indice que leurs convictions indépendantistes reposaient sur du sable.

Du temps où il était premier ministre, Jacques Parizeau n’a eu de cesse de répéter que, pour mobiliser la population autour du projet d’indépendance, il fallait en parler tout le temps : avant les élections, pendant les élections et après les élections. Avec cette conviction, le pédagogue Parizeau a failli réussir l’impossible, faisant passer en un an, l’idée d’indépendance de 39% à tout près de 50%. Cela malgré les interventions anti-démocratiques et la propagande de fin du monde du fédéral.

Depuis, plus rien. Lucien Bouchard, s’est empressé de nous ramener à notre rôle de gestionnaire de province et à remettre aux calendes grecques l’indépendance. Puis, les chefs successifs du PQ ont repris le leitmotiv : il fallait attendre les conditions gagnantes pour songer à un autre référendum, les conditions en question étant déterminées par les sondages. D’où la conclusion absurde qui s’est progressivement imposée à l’effet que, pour gagner les élections, il ne fallait pas parler d’indépendance pour ne pas effrayer les électeurs.

Avec pour résultats que, depuis 1995, les leaders du PQ ont tous souffert du « syndrôme de l’indépendance honteuse ». À titre d’exemple, je revois encore André Boisclair, en 2006, renier le cahier pédagogique « Parlons souveraineté à l’école » parce que les fédéralistes s’étaient déchainés contre cet excellent outil pédagogique. Il faut le relire à tête reposée (Boisclair l’avait-il seulement lu?) pour voir à quel point nous avons alors assisté à un épisode maccarthyste délirant.

Quand on le relit, huit ans plus tard, on est bien obligé de constater que ce cahier pédagogique était l’antithèse de la propagande fédérale qui déferlait alors à grands frais dans les écoles primaires et secondaires. Il faisait appel à l’intelligence des jeunes. […]

Il fallait que la direction du PQ soit vraiment honteuse face au projet d’indépendance pour se rallier à une condamnation aussi injuste.

Ce cahier n’est qu’un exemple parmi bien d’autres de cette gêne qu’ont eu nos leaders de parler d’indépendance. […]

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