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Joseph-Xavier Perrault

Par Jean-Pierre Durand

Joseph-Xavier Perrault
Joseph-Xavier Perrault

Il ne fut président que quelques mois en 1905, mais son engagement dans la SSJB remontait au déluge. Joseph-Xavier Perrault naquit à Québec le 27 mai 1836. Il épousa en 1866 Catherine-Flore Couillard, qui lui  donna une fille. Après des études classiques au petit séminaire de Québec, il alla se perfectionner en agronomie en Angleterre, et puis en France, devenant du coup le premier Canadien français ayant reçu une formation universitaire en ce domaine. À son retour des « vieux pays », il mettra sa formation à profit en fondant deux fermes-écoles, qui, faute d’élèves et à caus

e du manque de bidous, ne firent pas firent long feu. Perrault laissa néanmoins sa marque dans l’enseignement agronomique, que ce soit à titre d’éducateur, de conseiller, de haut fonctionnaire et même de journaliste spécialisé.

À l’aube de la Confédération et à la suite d’une ténébreuse accusation d’avoir tiré profit de l’importation de blé de la mer Noire, Perrault fut contraint de démissionner du bureau d’Agriculture pour lequel il travaillait. Cette sombre affaire était peutêtre aussi la conséquence de son opposition à la Confédération, alors qu’il était député de Richelieu à l’Assemblée législative du Canada depuis 1863, et de son adhésion à une société secrète hostile à ladite Confédération. Il fut d’ailleurs défait aux élections fédérales de 1867.

Qu’à cela ne tienne, c’est à cette même époque que, sans délaisser l’agronomie et son enseignement, Perrault prit une part active aux activités de l’Association Saint-Jean- Baptiste de Montréal. Soucieux d’améliorer le sort économique des Canadiens français, Perrault caressa l’idée et convainquit ses collègues de créer une chambre de commerce canadienne-française. Il faut dire que le Board of Trade de Montréal, titulaire d’une charte depuis 1822, comptait en son sein bien peu de francophones. Mais au début de 1887, grâce à des gens comme Perrault, la situation allait changer et c’est ainsi que fut fondée la Chambre de commerce du district de Montréal, dont presque tous les membres étaient de la SSJB. Homme d’une rare énergie et source inépuisable d’idées, Perrault fut aussi très impliqué dans le projet de former une fédération de toutes les sociétés canadiennes-françaises d’Amérique, sorte de Mouvement national des Québécois avant la lettre.

En 1888, Perrault et la Chambre de commerce soutinrent le projet d’un Monument national à Montréal, pour servir de centre éducatif. De même, en 1901, la même chambre réunit un comité pour étudier la question de la création d’une École des hautes études commerciales à Montréal.

En 1897, dans le cadre du jubilé de la  en l’occurrence Joseph-Xavier Perrault, d’organiser les célébrations du  24 juin. À l’époque, on croyait encore que l’on pouvait rester français et être de loyaux sujets britanniques ! Quatre ans plus tard, quand Victoria passa l’arme à gauche, le conseil de direction de la SSJB offrit ses condoléances en ces termes : Les Canadiens français ne peuvent oublier que sous son règne bienfaisant, ils ont obtenu la consécration définitive des libertés constitutionnelles, la jouissance complète de leurs droits religieux et nationaux… Ils sont heureux (…) de songer qu’Elle aura pour successeur un prince qu’ils ont  appris à aimer (et qui fera) le bonheur de tous ses sujets sans distinction de race et de religion. Quand j’ai lu ces paroles dans le livre de Robert Rumilly (Histoire de la Société Saint- Jean-Baptiste de Montréal), j’ai bien failli m’étouffer. Qui aurait cru, en ces années-là, qu’un jour (30 octobre 2009) le président de la SSJB, Mario Beaulieu, écrirait en ces termes à l’héritier de la couronne : Tant que la Couronne britannique ne reconnaîtra pas ses torts, nous appuierons les manifestations contestant sa présence et nous en profiterons pour faire connaître le comportement ethnocidaire de la Couronne britannique envers les francophones d’un bout à l’autre de l’Amérique. De fait, quelques jours plus tard, la SSJB se joignait au Réseau de Résistance du Québécois dans une manifestation contre la venue du prince Charles au Québec.

Mais, du temps de Perrault, les Canadiens français se nourrissaient encore d’illusions. Il faut dire à leur décharge que l’arrivée au pouvoir à Ottawa d’un Canadien français (Laurier), en 1896, avait suscité beaucoup d’espoirs, si bien que certains y avaient vu ni plus ni moins que la revanche des plaines d’Abraham ! Ne riez pas, c’est ce que no aïeux bien-pensants croyaient dans le bon vieux temps. Ils mirent même un peu de temps à comprendre qu’il n’y avait rien à attendre des Anglais et de leurs descendants. N’empêche qu’en 1901, la SSJB obtint du Conseil municipal la francisation du parc Logan, connu aujourd’hui sous le nom de parc La Fontaine. Cela nous en bouche un coin, alors que de nos jours, nous avons toute la misère du monde à faire changer le nom de la rue Amherst !

Cela faisait une décennie que Joseph- Xavier Perrault était vice-président de la SSJB, quand il devint en février 1905 son 37e président. Il confia à son ami Laurent- Olivier David, qui l’avait proposé à ce poste : Je suis heureux d’être nommé président. Mais je crains de ne pas avoir le temps d’exécuter les projets que j’ai formés pour le progrès de notre oeuvre. Perrault ne croyait pas si bien dire, car il mourut le 7 avril de la même année.

 

 

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