MAXIME LAPORTE | SOCIÉTÉ SAINT-JEAN-BAPTISTE | 23/09/2014
─ Cent quatre-vingts ans à défendre les aspirations de notre patrie dans un esprit de liberté. Épris des mêmes idéaux de justice et de démocratie pour lesquels se sont battus les Patriotes et tout particulièrement notre père fondateur, Ludger Duvernay. Nous nous réclamons volontiers de cet héritage qui porte en lui les germes de notre salut. Il faut rendre hommage à toutes ces femmes et tous ces hommes qui, de 1834 à nos jours, ne se sont jamais gênés pour clamer haut et fort la liberté, et pour l’incarner par leurs petites ou grandes actions. Tous ces gens, ces porteurs de liberté, sympathisants, bénévoles, officiers, présidents généraux, qui au fil du temps ont su faire avancer notre cause et, comme l’indique la devise de la SSJB, rendre le peuple meilleur, tous ces gens méritent notre respect. La Société, c’est nous tous et toutes.
Tristement, nous avons perdu cet été trois grands hommes qui ont su marquer le Québec. Des patriotes exemplaires qui, chacun à leur manière, avaient à coeur les intérêts du peuple. J’offre encore une fois, en mon nom personnel et au nom de la SSJB, mes plus sincères condoléances aux proches de messieurs Jean Garon, Raymond Gravel et Marcel Masse (médaille Bene Merenti de Patria 2012).
Après 180 ans d’existence, il faut croire que notre mouvement a trempé depuis les débuts dans une fontaine de jouvence et de vie. Et je souhaite volontiers incarner cet esprit : que la SSJB soit jeune, sagement jeune, parce que son coeur est idéaliste, et parce que cette sage jeunesse et cet idéalisme nous sont communs à tous et à toutes, peu importe notre âge officiel. Le combat que nous menons, j’insiste, est un combat intergénérationnel.
Et pour cause : chaque instant fait se réactualiser notre combat qui est éternellement jeune. Ce combat qu’ont mené autrefois nos ancêtres, ce combat inachevé, mais que nous sommes déterminés à livrer en parachevant le plus tôt possible notre libération. Cette aspiration à la liberté, elle était vraie au temps des Patriotes. Elle n’a pas cessé de l’être en 2014.
Cela devrait nous inspirer pour la suite. En particulier, je crois qu’il faut rompre ce que je vois comme un tabou sur la question de notre devenir en tant que peuple. De ce tabou, découle le supposé désintérêt de la population québécoise vis-à-vis du projet d’indépendance. Ce tabou n’est pas étranger non plus au désengagement et à la déresponsabilisation de nos élites à l’égard du combat national, qui m’apparaissent évidents, en dépit des bonnes intentions… Elle m’énerve, moi, cette espèce de censure qui s’impose à nos esprits, cette camisole de force pour la conscience collective !
C’est comme si l’on avait voulu emprisonner, mettre en boîte l’expression de notre condition politique et historique. Quelqu’un aurait-il, sans que nous le sachions, décrété un interdit de cité pour les méchants « séparatisses » que nous sommes ? Un interdit de penser notre avenir national ? Je ne crois pas, pourtant…
Chose certaine, notre cher ami Mario Beaulieu y a sérieusement goûté ces derniers temps, lui qui justement s’efforce avec courage à faire tomber ce tabou en travaillant à ramener sur la place publique le nécessaire débat sur le statut politique du Québec. Cela, on ne peut que le souligner. Si l’on ne s’attaque pas à ce tabou, alors ce sera l’enfoncement définitif de nos cerveaux dans le moulin à viande canadian, ce sera la dictature de la mièvrerie, du convenu et de tout ce qui n’est qu’accessoire ou diversion. Ce sera en somme le triomphe définitif du mortifère statu quo. Trop parmi nos élites, trop de Québécois y succombent, à ce tabou, à cette peur schizophrénique d’aborder les vraies « vraies affaires ». Peut-être est-ce par fatigue politique, comme le pensait Hubert Aquin… En tout cas, la seule solution consiste à libérer la parole. Le mot du président général
Bien sûr, le Canada nous inonde de sa propagande de construction identitaire : il continuera d’ailleurs de le faire d’ici 2017 avec les commémorations du 150e de la Confédération, que nous ne manquerons certes pas de dénoncer… Mais Ottawa semble surtout avoir fondé sa stratégie postréférendaire sur le principe de discrétion à l’égard de la question québécoise et des enjeux constitutionnels : « ces choses-là ne sont pas importantes, notre priorité c’est l’économie »… Habilement, le gouvernement fédéral s’est camouflé dans le tabou ambiant. Il s’est éloigné des débats. Évidemment, cette situation lui est profitable.
C’est, en quelque sorte, l’omertà. Et le régime d’Ottawa a fait en sorte que nous intériorisions la peur de rompre cette omertà, jusqu’à développer une phobie de toute parole libératrice, « ho ! serait-ce un radical ? », et jusqu’à nous spécialiser dans les réflexes d’évitement. Surtout, on voit l’arbre sans percevoir la forêt. On critique Harper, mais on ne saisit plus vraiment l’architecture du système malsain qui le supporte, lui et ses alliés objectifs : Trudeau, Mulcair, Couillard, etc. par Maxime Laporte
À tout cela, au tabou que nous impose notre condition, je ne vois qu’un seul remède. Une seule formule magique, mais qui n’a rien de magique lorsqu’elle se traduit en Actes. Cette formule, ce remède à notre enserrement moral et politique consiste à se remémorer les mots du patriote Chevalier de Lorimier. Ces mots-lumière sont : « Vive la liberté, vive l’indépendance ! »
Maintenant, c’est à nous qu’il incombe de traduire en Actes ces mots printaniers, et c’est bien ce que j’entends faire avec toute l’équipe de la SSJB, les militants de toutes les sections, ainsi que nos nombreux partenaires dans tous les secteurs de la société.
Vous verrez que l’automne 2014 sera un automne extrêmement chargé pour la SSJB et l’ensemble du mouvement indépendantiste, au Québec comme à l’international. Mobilisons-nous ! Engageons-nous, que ce soit en termes de temps, d’énergie ou d’argent ! Soyons de tous les débats ! Surtout, gardons le moral et maintenons le cap sur l’indépendance ! Nous nous montrerons ainsi dignes de ceux et celles qui, depuis 180 ans, ont fait de la SSJB la grande institution qu’elle est aujourd’hui.
Maxime Laporte, avocat
Président, Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal
et réseau Cap sur l’indépendance