Les artistes sont inquiets. En effet, la perspective d’un gouvernement libéral majoritaire compromet selon plusieurs d’entre eux la pérennité de la langue française. Réunis au Lion d’Or à Montréal, les Luc Picard (15 février 1839), Christian Bégin (Trauma), Lucie Laurier (Le démantèlement), Anne Casabonne (La galère), Paul Piché et consort, ont répondu à l’invitation de l’acteur Denis Trudel (Octobre), porte-parole du Mouvement Montréal français.
« On lance un cri du coeur alors que les sondages de cette fin de campagne électorale sont très mauvais pour le français », a déclaré Denis Trudel, ajoutant que son initiative était non partisane, mais résolument antilibérale. « Le Parti libéral est le plus dangereux linguistiquement. C’est celui dont l’absence d’une politique linguistique menace le plus le français. 3 %, c’est le pourcentage de moins de Québécois qui parlent français depuis que Jean Charest a mis les mains sur le volant. À Montréal, c’est 5 % de moins. Et ça, M. Couillard n’y voit aucun problème », a-t-il lancé. […]
Lorsqu’il a pris la parole, le comédien et animateur Christian Bégin a précisé qu’aucune des personnes présentes n’en avaient contre le bilinguisme individuel. « Ce contre quoi on s’élève, c’est le bilinguisme institutionnalisé. C’est-à-dire lorsque le gouvernement décide de prôner le bilinguisme », a-t-il expliqué.
Son tour venu, l’acteur François L’Écuyer (L’auberge du chien noir) a lui aussi joué de nuances tout en évoquant les luttes passées. « Je parle l’anglais, je parle l’espagnol, j’apprends le mandarin — c’est difficile, et je veux me mettre à l’arabe. Je rêve de mourir polyglotte. Je suis excédé qu’on puisse me croire raciste ou xénophobe. Je n’ai rien de raciste, je n’ai rien de xénophobe. Je n’ai pas peur de l’étranger : j’ai peur de perdre ma langue. Mon père s’est battu pour parler français à la Dominion textile. C’est à sa mémoire que je mène cette lutte-là », a-t-il conclu.