Article publié par Jocelyne Richer dans le journal Le Devoir du 15 novembre 2013
La députée libérale Fatima Houda-Pepin refuse de se taire plus longtemps. […] Se disant « sidérée, blessée et choquée » par les déclarations récentes de son collègue Marc Tanguay sur le tchador, elle a fait parvenir à l’agence une lettre dans laquelle elle se demande s’il faut en conclure que son parti a pris pour modèle d’égalité hommes-femmes des pays comme l’Arabie saoudite et l’Iran.
Mme Houda-Pepin, musulmane d’origine marocaine et depuis longtemps préoccupée par la montée de l’intégrisme, gardait le silence depuis des mois sur la charte des valeurs et refusait toutes les demandes d’entrevue portant sur la position du Parti libéral du Québec (PLQ), qui s’oppose à toute interdiction de porter des signes religieux, quels qu’ils soient, si le visage est découvert.
Dans son texte, véritable coup de gueule, la députée de La Pinière depuis 1994 y affirme que le PLQ doit au contraire accepter de limiter les droits, même fondamentaux, « quand l’intérêt public l’exige », dans ce cas-ci au nom de l’égalité entre hommes et femmes. […]
« Est-ce que c’est ça le modèle de l’égalité hommes-femmes que le Parti libéral du Québec veut maintenant présenter à la face du Québec ? Est-ce que les Québécoises ont fait tout ce chemin pour en arriver à prendre comme modèle de l’égalité hommes-femmes celui de l’Arabie saoudite ou de l’Iran des ayatollahs ? » s’interroge la députée, qui dit s’exprimer en son nom personnel.
La belle unanimité du caucus libéral sur cette question, autour du chef Philippe Couillard, est désormais chose du passé.
La position actuelle de M. Couillard constitue donc, à ses yeux, une rupture avec l’histoire du Parti libéral, au chapitre de l’avancement des femmes et de la neutralité religieuse de l’État.