LANGUE DE MOLIERE OU DE SHAKESPEARE AU QUEBEC ? (1er partie)

Entrevue de Mario Beaulieu avec d’Isidore Grao pour La Voix De Cartier publié le 16 janvier 2012

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IG : Pour revenir sur le référendum de 1995 alors que de nombreuses zones d’ombre ont émaillées le déroulement de ce vote, le « non » est passé d’extrême justesse. Ce qui n’était pas le cas pour le premier référendum. Donc on peut parler de demi-victoire, pourquoi ne pas avoir tenté à moyen terme, un nouveau référendum ? Que s’est-il donc passé ?

MB : Effectivement, on a constaté que l’appui à la souveraineté dans l’année qui a suivi le référendum, continuait d’augmenter. On est donc passé très près de la victoire. Et ce, malgré les milliers de certificats de citoyenneté qui avait été accordés aux nouveaux arrivants. Ce qui a manifestement aidé au « non ». Il y a eu aussi le dépassement des limites de financement permises et le changement de Premier Ministre. Pour rappel, M. Jacques Parizeau était Chef du Parti Québécois lors du référendum. Par la suite, ce fut Lucien Bouchard. Celui-ci avait fait une très belle performance pendant le référendum. Il était issu du parti conservateur, (parti fédéraliste), et était devenu fraichement souverainiste. Bouchard n’a fait aucune action pour relancer un éventuel référendum, aucune campagne. Ce fut plutôt la tendance inverse une stratégie qui visait à calmer le jeu. On nous répétait qu’il ne fallait pas réagir aux provocations du gouvernement fédéral qui faisait une campagne d’intimidation avec son plan B, et menaçait d’avoir recours à la partition du Québec. Monsieur Jean Chrétien répétait le slogan qui avait été utilisé par la Yougoslavie et la Bosnie en l’appliquant au Québec alors que cela était tout à fait contraire aux lois internationales. Plutôt que de réagir et de mobiliser la population, le Parti Québécois ne répondait pas à ces provocations là. M. Bouchard qui avait été aussi ministre responsable du dossier linguistique pour le gouvernement fédéral, était plutôt favorable au bilinguisme institutionnel. Il avait une position tout à fait contraire à celle que tenait le Parti québécois qui visait à ce que le français soit la seule langue officielle pour les services publics en aménagant des mesures d’exception pour la minorité historique d’anglophone. Donc tout cela a causé des conflits internes assez importants au parti Québécois. Il y a eu un congrès important en 1996 où Monsieur Lucien Bouchard déclare que si l’on réalisait le programme du parti québécois il ne pourrait plus se regarder dans le miroir. Donc il a fait retirer ce programme pour assurer l’avenir du français, y compris l’application de la loi 101 aux CEGEPS et l’abolition de la loi 86. Cette loi 86 avait affaiblie la charte de la langue française dans tous ses secteurs d’application depuis 1993. A ce moment là tous les députés du parti québécois s’étaient engagés à abolir la loi 86 dès la reprise du pouvoir. Quand le parti Québécois a repris le pouvoir Monsieur Jacques Parizeau a tout concentré sur le référendum.

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