Par Mario Beaulieu, dans Le Devoir, le 28 mars 2014
Hier, lors du débat des chefs, Philippe Couillard a démontré qu’il serait sans doute le premier ministre le plus à-plat-ventriste que le Québec ait connu dans le dossier linguistique. Non seulement il dénie tout déclin du français à Montréal, mais il trouve normal qu’on exige l’anglais pour n’importe quel emploi, même ceux qui ne nécessitent aucun contact avec le public ou l’extérieur du Québec. Pour lui, même les employés d’une chaîne de montage devraient connaître l’anglais au cas où un investisseur américain visite l’usine!
Sur l’île de Montréal, 53 % des gens utilisent le français comme langue d’usage et 48,7 % des gens ont le français comme langue maternelle, une tendance à la baisse qui gagne maintenant la couronne de la métropole. La force d’attraction de l’anglais y est de cinq fois supérieure proportionnellement à celle du français, là où se concentre la grande majorité des nouveaux arrivants (plus de 50 000 par année) et des allophones. […]
[…] Et M. Couillard trouve non seulement que tout va bien, mais qu’il faut laisser libre cours au bilinguisme institutionnel. Le bilan du Parti libéral dans le dossier linguistique est catastrophique, mais là M. Couillard dépasse les bornes. En commission parlementaire contre le projet de loi 14, les libéraux se sont littéralement déshonorés. Ils se sont faits complices d’une des pires campagnes de dénigrement et d’intimidation que le Québec ait subie. N’oublions pas que ce sont eux qui ont imposé le bâillon à l’Assemblée nationale pour adopter la loi 115 qui permet à des bien nantis de s’acheter le droit d’envoyer leurs enfants et toute leur descendance à l’école anglaise. […]