Si vous composez le 311, vous entendrez ; «Bienvenue à la Ville de Montréal, for english press nine » avec un long silence … Les montréalais ont raison d’estimer que leur ville n’est pas francophone mais plutôt bilingue, comme l’indique un sondage CROP diffusé le 18 octobre par Radio-Canada. Dans les faits Montréal est une ville bilingue en ce sens qu’à peu près tous les services municipaux et gouvernementaux sont offerts en anglais et en français. C’est une des principales causes de l’anglicisation de Montréal.
La connaissance de plusieurs langues constitue un enrichissement personnel. Mais le bilinguisme anglais-français des institutions publiques crée un clivage qui nuit à l’intégration. René Lévesque affirmait qu’à sa manière, chaque affiche bilingue dit à l’immigrant : il y a deux langues ici, le français et l’anglais; on choisit celle qu’on veut. Elle dit à l’anglophone : pas besoin d’apprendrele français, tout est traduit. De même, si les services publics sont systématiquement disponibles dans les deux langues, les nouveaux citoyens comprendront que la société d’accueil québécoise ne tient pas spécialement à ce qu’ils apprennent le français. Dans le contexte canadien et nordaméricain, le français est alors forcément perçu comme une langue utile, mais non nécessaire. Le bilinguisme institutionnel avantage toujours l’anglais, jamais le français à l’extérieur du Québec, son introduction, là ou elle s’est faite, n’a pas ralenti l’assimilation massive des francophones, qui s’est au contraire accélérée.
Des francophones de diverses origines sont également lésés lorsque les droits linguistiques fondamentaux définis par la Charte de la langue française ne sont pas respectés. La violation du droit de travailler en français atteint les nouveaux arrivants francisés, à qui on avait dit que le français est la langue officielle et commune du Québec. Très souvent ces derniers se retrouvent face à des offres d’emploi où la connaissance de l’anglais est exigée sans justification, souvent dans des secteurs qui n’ont rien à voir avec le tourisme ou le commerce international.
Le clivage linguistique entre Montréal et les autres régions du Québec nuit autant à l’inclusion des nouveaux arrivants qu’au droit des Québécoises et des Québécois d’assurer la survie et l’épanouissement de la culture et de la langue française.