Le Patriote
Le Mouvement Québec français (MQF) et la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) réagissaient par un communiqué le 2 août dernier au dévoilement des données du recensement 2016 sur la langue. Voici en substance la teneur du communiqué… En pleines vacances de la construction, alors que les citoyens profitent de leur été, Statistique Canada dévoilait son plus récent diagnostic des reculs du français partout au Québec et au Canada.
Les données confirment sans l’ombre d’un doute que l’anglicisation de l’île de Montréal, qui suit une courbe inquiétante depuis plus de 15 ans, s’est étendue en banlieue. L’argument des jovialistes voulant que Montréal s’angliciserait uniquement parce que les francophones quittent l’île afin de s’installer dans la couronne métropolitaine, ne tient absolument plus la route.
Déclaration du porte-parole du MQF
Aux yeux du directeur général du MQF, Éric Bouchard, les élites francophones et francophiles (politiques, médiatiques, artistiques) doivent impérativement se sortir la tête du sable. Ils ont le devoir absolu de prendre position en faveur de mesures fortes et structurantes qui redonneront à notre langue commune son lustre des années 1980 et 1990, dans la foulée de l’adoption de la Loi 101. Depuis qu’on ne se tient plus debout, ça recule; c’est inévitable. Nos élites doivent retrouver une posture offensive et cesser de se comporter linguistiquement comme des êtres conciliants, pour ne pas employer les termes plus durs d’Albert Memmi et de Frantz Fanon…
Déclaration du Président général de la SSJB
Le Président général de la SSJB, Me Maxime Laporte a fait valoir: Décidément, en 2017, l’oeuvre de Lord Durham est toujours en voie de réalisation. D’un recensement à l’autre, nous reculons. Nous reculons inexorablement. Il faut que ça cesse! Immédiatement. Que compte faire Philippe Couillard, que comptent faire nos gouvernements pour nous garantir qu’au prochain recensement, ça ne reculera pas une fois de plus? Mieux encore: pourquoi n’avancerions-nous pas, pour une fois?
La réponse: sauf preuve tangible du contraire, ils ne feront rien. Ils ne feront rien de concret, rien de structurant; parce que la bilinguisation et l’anglicisation, manifestement, ça les arrange! Depuis le début des années 2000 et de l’ère libérale, la vigueur, la vitalité et le rayonnement du français, – gage d’inclusion et d’intégration, n’ont fait que diminuer, notamment dans la région métropolitaine.
À défaut de pouvoir compter sur des politiciens qui mettent leur culotte à l’instar du regretté Camille Laurin, nous, les citoyens, pouvons agir; nous pouvons voter, nous pouvons nous mobiliser massivement, et nous le ferons, parce que nous n’avons plus le choix.
Aujourd’hui, au Québec, la proportion de francophones de langue d’usage est passée sous le seuil psychologique de 80 %. C’est grave. Surtout, c’est totalement inacceptable. Nous sommes au plus bas depuis que l’on tient cette statistique, le précédent record étant de 80,8 % en 1971! Et dire qu’il y a quelques semaines, Philippe Couillard et Jean-Marc Fournier s’inquiétaient de l’assimilation des anglophones au Québec, qui sont pourtant en progression d’après Statistique Canada.
Dr Laurin : La langue est le fondement même d’un peuple, ce par quoi il se reconnaît et il est reconnu, qui s’enracine dans son être et lui permet d’exprimer son identité.
Au Canada anglais, l’assimilation des francophones est fulgurante, eux qui se démènent comme des diables dans l’eau bénite pour quelques miettes de droits. Au plan de la langue maternelle: le recul est de 4,3 à 3,8 %. L’indice de vitalité du français dans les provinces anglophones s’établit à 0,62, autrement dit, pour dix francophones de langue maternelle, à peine six l’utilisent à la maison.
En ce 150e du Dominion, après l’affront à notre Loi 99, voilà donc un autre cadeau d’anniversaire qui nous est offert. Force est de constater que le Canada bilingue ne fonctionne pas. Honte à tous ceux qui continuent de nous vendre cette illusion! Malheur à tous ceux qui continuent d’y croire! À moyen-long terme, nous sommes cuits si nous ne sortons pas enfin de cette Confédération, de ce pays anglais qu’est le Canada. Pour assurer leur avenir, il faut que les francophones de ce continent puissent compter sur un puissant État de langue française. Cet État qu’il nous faut, c’est un Québec souverain et rien d’autre, a conclu Me Laporte.
Voici quelques faits :
Au Québec
Langue maternelle:
Entre 2011 et 2016, le poids du français, langue maternelle, est passé de 78,9 % à 77,4 %. Il s’agit d’un recul sans précédent: 1,5 % en seulement cinq ans! Par rapport à 2001, le recul est de 4 %. Le poids de l’anglais, qui s’était maintenu à 8,3 % entre 2001 et 2011, est passé à 8,8 % au cours des cinq dernières années, ce qui démontre un retour en force de la langue de Shakespeare.
D’ailleurs, l’effectif de la population de langue maternelle française n’a augmenté que d’environ 75 000 par rapport aux 65 000 de l’effectif de la population de langue maternelle anglaise, laquelle est pourtant neuf fois moins nombreuse. Cela ne peut certes pas s’expliquer par la fécondité, les anglophones n’étant pas plus féconds que leurs concitoyens francophones.
Langue d’usage:
Entre 2011 et 2016, le poids du français, langue d’usage, est passé de 81,2 % à 79,9 %; un recul de 1,3 % en seulement cinq ans. Par rapport à 2001, ce recul s’élève à 3,2 %. Le poids de l’anglais est quant à lui passé de 10,5 % à 11,5 % entre 2001 et 2016, mais c’est dans la plus récente période (2011- 2016) qu’il est réellement revenu en force, passant de 10,7 % à 11,5 %. D’ailleurs, l’effectif de la population de langue d’usage française n’a augmenté que de 100 000 par rapport aux 90 000 de l’effectif de la population de langue d’usage anglaise, laquelle est pourtant neuf fois moins
nombreuse.
Poids de l’anglais parmi les langues officielles canadiennes:
Au Québec, le poids de l’anglais par rapport au français est passé de 11,2 à 12,5 % entre 2001 et 2016 et de 11,6 % à 12,5 % ces cinq dernières années. L’anglicisation existe bel et bien au Québec, c’est sans conteste.
Montréal
Langue maternelle:
Entre 2011 et 2016 sur l’île de Montréal, le poids du français, langue maternelle, est passé de 48,7 % à 47,8 %, une baisse de près d’un point de pourcentage. Par rapport à 2001, ce recul s’élève à 5,4 %. Quant au poids de l’anglais, il est passé de 17,7 % à 17,8 % entre 2001 et 2011 et s’est encore maintenu au cours de la dernière période de recensement.
Langue d’usage:
Entre 2011 et 2016, le poids du français, langue d’usage, est passé de 53 % à 52,7 %. Par rapport à 2001, le recul est de 3,7 %. Le poids de l’anglais est passé de 24,9 à 26,6 % entre 2001 et 2016 et dans la dernière période recensée, l’anglais a poursuivi sa progression, passant de 25,3 % à 25,6 %, Cela démontre que d’un recensement à l’autre, l’anglais prend du galon sur l’île.
Poids de l’anglais parmi les langues officielles canadiennes:
Le poids de l’anglais par rapport au français est passé de 30,7 % à 32,7 %. Donc, également en fonction de cet indicateur, le français recule par rapport à l’anglais dans la métropole.
L’anglais gagne du terrain sur le français à Montréal!
Laval
Langue maternelle:
Entre 2011 et 2016, le poids du français, langue maternelle, est passé de 62,2 à 58,1 % à Laval. Imaginez! Une baisse de 4,1 % en seulement cinq ans. Par rapport à 2001, le français perd environ 16,1 % dans la troisième plus grande ville du Québec. Le poids de l’anglais est pour sa part passé de 6,7 % à 8,9 % entre 2001 et 2016, alors que cette augmentation s’élève à 0,9 % au cours des cinq dernières années.
Langue d’usage:
Entre 2011 et 2016, le poids du français, langue d’usage, est passé de 67,9 à 64,6 % à Laval. Par rapport à 2001, le recul s’établit à 12,9 %. De façon presque inversement proportionnelle, le poids de l’anglais s’est alourdi de 11,5 à 15,9 %. De 2011 à 2016, l’anglais est passé de 14,6 à 15,9 %.
Poids de l’anglais parmi les langues officielles canadiennes:
À Laval, selon cet indicateur, le poids de l’anglais par rapport au français est passé de 12,9 à 19,8 %. À Laval, le français cède la place de façon spectaculaire à l’anglais!
Longueuil
Langue maternelle:
Entre 2011 et 2016, le poids du français, langue maternelle, est passé de 75,4 à 72,7 % à Longueuil: une baisse de 2,7 %. Par rapport à 2001, le français perd 5,8 % dans l’une des principales villes du Québec. Le poids de l’anglais est passé de 9,4 % à 8,6 % entre 2001 et 2016, mais est passé de 8,3 % à 8,6 % au cours des cinq dernières années.
Langue d’usage:
Entre 2011 et 2016, le poids du français, langue d’usage, est passé de 78,7 à 76,5 % à Longueuil. Par rapport à 2001, le recul est de 4,3 %. L’anglais est passé de 11,5 à 11 % entre 2001 et 2016, ce qui représente une baisse de 0,5 %. Cependant, la dernière période a vu l’anglais faire un bond d’un demipoint de pourcentage, de 10,5 à 11 %.
Poids de l’anglais parmi les langues officielles canadiennes:
À Longueuil, selon cet indicateur, le poids de l’anglais par rapport au français est passé de 11,8 à 12,6 % en cinq ans!
Même à Longueuil, l’anglais bouscule le français! •••
NDLR : Ce texte fut écrit avant la révisions faite par Statitiques Canada. Ce buste de Camille Laurin, inauguré en 2015, est l’oeuvre du sculpteur Léonard Simard.