Le gouvernement Higgs ordonne à Ambulance NB d’éliminer les obligations linguistiques à l’embauche

Hugh Flemming, ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick Photo: Radio-Canada / Michel Corriveau

Le gouvernement de Blaine Higgs ordonne à Ambulance Nouveau-Brunswick d’éliminer l’exigence du bilinguisme lors de l’embauche d’ambulanciers. Il confirme du même coup que la décision d’un arbitre qui préconisait cette mesure fera l’objet d’une révision judiciaire.

L’arbitre John McEvoy avait décidé en avril dernier que les ambulanciers devraient être embauchés selon leurs années d’expérience, plutôt que selon leur capacité à parler les deux langues officielles.

Le Nouveau-Brunswick connaît une pénurie d’ambulanciers. Le ministre de la Santé, Hugh Flemming, estime que la mise en oeuvre de la décision McEvoy constitue un moyen d’améliorer le service et de prioriser la vie et la sécurité des gens du Nouveau-Brunswick.

Ce n’est pas une question linguistique, c’est une question de sécurité.

 Hugh Flemming, ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick

Le ministre responsable de la Francophonie, Robert Gauvin, admet que ce n’est pas idéal, mais refuse toutefois de dire que les droits linguistiques sont ainsi mis au second rang. On veut s’assurer qu’il y a des ambulances sur les routes, répète-t-il.

 

La révision du jugement McEvoy, une perte de temps?

Le gouvernement libéral de Brian Gallant avait réagi l’an dernier à la décision McEvoy en disant qu’il fallait la réviser par respect pour la Loi sur les langues officielles. Il avait aussi rappelé que la décision de l’arbitre ne répondait pas aux exigences d’un jugement rendu en novembre 2017 par la Cour du Banc de la Reine. Selon ce jugement, le gouvernement et Ambulance NB doivent s’assurer que les citoyens des deux communautés linguistiques ont accès à des services d’ambulance de qualité égale dans la langue de leur choix.

Le gouvernement Higgs estime que le jugement de 2017 ne fait pas jurisprudence. Mais le ministre de la Santé n’abandonne pas pour autant la révision de la décision de John McEvoy, dans le but d’obtenir des éclaircissements juridiques, affirme Hugh Flemming.

Robert Gauvin réitère qu’il est satisfait de voir que la révision du jugement McEvoy va de l’avant, et ce, même si le ministre Flemming a annoncé ne pas avoir l’intention de respecter la décision que prendra la cour si elle va à l’encontre de ce que souhaite le gouvernement. J’ai la ferme intention de ne rien changer, a-t-il dit.

 

L’Alliance des gens, seul autre parti consulté

Les progressistes-conservateurs n’ont pas consulté le Parti libéral ni le Parti vert pour en arriver à cette décision.

Par contre, Kris Austin, chef de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick, affirme avoir eu des discussions sur le sujet avec le gouvernement.

Nous sommes en situation de gouvernement minoritaire. Si nous étions majoritaires, nous aurions sûrement retiré la demande de révision judiciaire.

 Kris Austin, chef de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick

Un recul de plusieurs années

Le gouvernement Higgs comprend mal ses obligations linguistiques, selon le juriste Michel Doucet, expert en droits linguistiques.

Je suis complètement atterré par cette annonce-là. Je crois que le gouvernement est en train de nous dire au départ qu’une ordonnance signée par un juge n’a aucune valeur juridique. Ensuite, on nous dit qu’on va réduire les exigences linguistiques des ambulanciers au Nouveau-Brunswick, qui étaient déjà assez basses. Ensuite on nous dit qu’on va appliquer les mêmes critères que le fédéral au niveau de la langue de service avec Ambulance NB. C’est démontrer une incompréhension complète des dispositions qu’on retrouve dans la Charte canadienne des droits et libertés, dans la Loi sur les langues officielles, affirme Michel Doucet.

Le juriste estime que le Nouveau-Brunswick fait un recul en arrière de plusieurs années.

 

Les médias sociaux s’enflamment

Plusieurs réactions négatives de la part de membres de la communauté acadienne du Nouveau-Brunswick circulent aussi sur les médias sociaux. Certains qualifient la décision du gouvernement d’aller de l’avant avec l’embauche d’ambulanciers unilingues d’inacceptable.

 

 

 

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