Alors que le français est plus menacé que jamais à Montréal, les libéraux et la CAQ ont réussi à torpiller tout renforcement de la Charte de la langue française. Pourtant, le projet de loi 14 comportait déjà l’abandon des mesures les plus structurantes pour le français, dont plusieurs faisaient partie des engagements électoraux du Parti Québécois. L’application de la loi 101 au cégep est cruciale pour que le français devienne véritablement la langue d’enseignement au Québec et que l’État québécois colmate une brèche qui favorise présentement aussi bien l’anglicisation des milieux de travail que celle du commerce et des affaires.
Pour le PLQ et la CAQ, il semble plus important de courtiser le vote des anglophones que de faire du français la langue commune et d’intégration des nouveaux arrivants. Ils se sont faits les défenseurs d’un bilinguisme institutionnel impliquant toujours plus de services gouvernementaux en anglais non seulement pour les anglophones, mais pour toute la population, incluant les allophones et les nouveaux arrivants.
En commission parlementaire contre le projet de loi 14, les libéraux se sont littéralement déshonorés. Le PLQ apparait de plus en plus comme un simple relai des revendications de certains groupes de pression anglophones. Ils se sont faits complices d’une des pires campagnes de dénigrement et d’intimidation que le Québec ait subie, initiée par des chroniqueurs francophobes tels que Don McPherson du journal The Gazette. Selon ce discours de culpabilisation, l’accès à des services en anglais pour les allophones au Québec serait un droit fondamental, alors que dans le reste du Canada les services en français aux francophones seraient un luxe par trop coûteux.
Le gouvernement peut et doit dès maintenant tout mettre en œuvre pour appliquer plus rigoureusement la Charte de la langue française de façon à ce que ses ministères et les autres organismes de l’État québécois assument le rôle moteur qui leur revient pour favoriser l’usage du français comme langue commune dans l’espace public et dans les milieux de travail. Pour ce faire, comme le prescrit déjà la Charte, le français doit être l’unique langue de l’Administration avec les personnes morales et les entreprises établies au Québec. L’actuelle politique linguistique gouvernementale prescrit que « l’Administration privilégie l’unilinguisme français dans ses activités afin de bien marquer le fait que le français est à la fois la langue officielle et la langue normale et habituelle de l’Administration et de l’espace public ainsi que l’instrument premier de la cohésion sociale du Québec. » Qu’attend-t-on pour mettre cette politique en pratique ?
Mario Beaulieu,
président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
et du Mouvement Québec français