«Le Québec est dans une situation problématique où il lutte aussi pour sa survie…»

Article de Mame Aly KONTE publié dans le SudOnLine (Drakar) le 18 janvier 2012

photo Drakar

Tout ce que vous dites là, les gens ne les ont pas toujours avant de venir ici ?

Ils ne l’ont pas forcément. Même s’il y a parmi eux certains qui ont la capacité de s’adapter à de telles situations. Il y a certains qui peuvent être encadrés en organisant leur venue, mais il y en a beaucoup qui arrivent au Canada et qui se rendent compte que la réalité n’est pas la même que celle qu’ils avaient imaginée au départ ou qu’on leur avait décrite.

Quand vous parliez de la question liée à l’âge, vous avez souligné que l’âge idéal devrait s’arrêter aux alentours de 35 ans. Ce qu’on constate cependant est que de plus en plus de gens âgés de 40 voir 50 ans ou plus, arrivent au Canada.
Oui, j’ai pensé à cette classe d’âge. Parce que quand on regarde au niveau de l’âge, on dit par exemple 35 ans, 37 ans au maximum, parce qu’on sait que ce sont des gens qui vont faire l’effort de recommencer à « zéro » ou de pouvoir s’adapter rapidement à la nouvelle tendance qu’ils ont choisie. Mais celui qui a 40 ans voire 45 ans, il avait une situation confortable pré-migratoire (voiture de fonction, femme de ménage, toutes les conditions réunies pour mener une vie tranquille) ; et que parfois il a du mal à faire ce qu’on appelle le deuil professionnel. Dés son arrivée, il se rend compte tout de suite que la réalité est plus difficile. S’il vient en famille, il doit trouver une place en garderie pour chacun de ses enfants. Si on lui demande de retourner à l’école parfois, c’est souvent un choc qu’il ressent parce qu’il a été sélectionné sur la base de ses compétences. Alors que le jeune qui arrive se dit « j’ai mon avenir devant moi, je suis capable de recommencer à zéro » ; ce qui n’est pas le cas de celui qui est âgé qui a acquis une solide expérience dans son pays d’origine. Cette personne expérimentée subit un double choc culturel et professionnel. Elle n’était pas informée de la réalité qu’elle allait trouver sur place ou semblait l’ignorer ou avait fait le choix pour assurer l’avenir de ses enfants. Les gens ont parfois des attentes irréalistes par rapport au marché du travail québécois. L’image idyllique qu’ils avaient de la société avant leur arrivée risque de leur jouer un mauvais tour s’ils ne prennent pas le temps de bien s’informer sur les réalités socioculturelles de la société d’accueil.

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