Le Québec, trente ans d’exclusion

Texte de Liette Perreault publié dans Indépendantes.org le 15 avril 2012

En 1982, le Parlement britannique accédait à la requête de rapatriement de la Constitution canadienne du gouvernement canadien malgré le climat politique tendu qui prévalait depuis le référendum de 1980. La motion d’envoi à Londres du compromis fédéral-provincial avait reçu l’appui de 67 députés fédéraux du Québec.

La Loi constitutionnelle qui régit le Canada actuellement a été promulguée le 17 avril 1982. La portée de cette Loi était tout à fait conforme aux vues centralisatrices de Pierre Elliot Trudeau. L’Assemblée nationale n’a jamais donné son aval à cette mesure depuis. Toutefois, les Québécois n’en sont pas moins assujettis à la Charte canadienne des droits et libertés, une assise juridique qui a préséance sur l’Assemblée nationale en matière de droits civiques.

Les implications sont énormes ! Désormais, en cas de conflit entre le gouvernement québécois et les institutions fédérales, c’est à la Cour suprême que le Québec doit s’adresser. Or la Charte, étant donné que seul le fédéral nomme les juges, a nécessairement une approche pancanadienne et centralisatrice des enjeux soulevés. De telle sorte qu’elle produit une fontaine de jurisprudence qui deviennent autant de paramètres pour les jugements à venir. Ainsi, plus le temps passe, plus le Québec court le risque de s’affaiblir au sein de la Confédération.

Il est temps de dire « je me souviens » :

De ce temps où nombre de Québécois ont fait confiance à un beau parleur. La candeur des députés qui ont choisi le camp Trudeau au lieu du camp Lévesque s’explique avec le recul.

N’était-il pas légitime pour eux de s’attendre à ce que cette réforme constitutionnelle passât par la décentralisation et par la reconnaissance juridique du caractère distinct du Québec?

De cette époque où nombre de Québécois ont eu peur de la séparation. L’insécurité de ceux qui n’avaient pas osé choisir l’indépendance peut se comprendre. Il est un phénomène bien connu que certains prisonniers privés longtemps de leur liberté appréhendent le jour où ils devront se prendre en charge eux-mêmes…

De ce qui par le passé, nous a desservi: des trahisons certes, mais avant tout de nos erreurs… Il est grand temps de reconnaître notre part de responsabilité dans le maintien de cette structure qui nous immobilise. Et d’agir promptement. D’abord en augmentant le temps consacré à l’enseignement de l’histoire. Que nos enfants apprennent eux aussi à reconnaître les pièges des stratagèmes politiques. Et dans la mesure où le peuple se réveillera, ce sera à des événements glorieux qu’ils penseront en disant:

Je me souviens !

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