Le temps d’une paix

Par Joseph Facal, dans le Journal de Montréal, le 13 avril 2014

saintjeanplaines

Le mouvement souverainiste s’engage dans une réflexion qui sera longue, difficile et à l’issue incertaine.

[…] Écoutez les souverainistes écossais, catalans ou d’ailleurs: tous les indépendantistes, de partout et de toutes les époques, ont toujours évoqué la fierté, la responsabilité, la liberté et l’identité.

Si un jeune de 20 ans ne comprend rien à la souveraineté, est-ce parce que le discours est dépassé ou parce qu’il ne l’a jamais entendu? La réponse n’est pas évidente, mais si on enlève l’identité, quelles raisons fortes de faire la souveraineté restent? Faut-il prioriser la conquête du pouvoir provincial ou la promotion de l’idéal souverainiste? Les deux sont de plus en plus difficilement compatibles. Comment parler de souveraineté? Quelle place pour le dispositif référendaire? Y a-t-il des possibilités d’alliances? J’y reviendrai.

Une autre difficulté compliquera le remue-méninges. Reportons-nous à 2003. Le PQ subit une lourde défaite. Bernard Landry lance la «Saison des idées». Tout est sur la table, disait-il. Allons au fond des choses. Rien ne devait être exclu. On entendait ce qu’on entend maintenant. L’exercice tourna en eau de boudin. Pourquoi? Souvenons-nous: M. Landry voulait rester chef, mais devait se soumettre à un vote de confiance lors d’un congrès. Mme Marois contestait son leadership assez ouvertement. Chaque député choisissait son camp. […] Bref, les ambitions personnelles, légitimes au demeurant, torpillaient la réflexion parce que chacun avait la tête ailleurs. Les idées devenaient des pions sur un échiquier où se jouaient des destins individuels.

Cette fois, le contexte est différent, mais le danger est le même. Dans un examen sans complaisance, vous devez envisager la possibilité dire des choses qui pourront déplaire aux militants. Mais si vous voulez qu’ils votent pour vous, vous serez tenté de leur dire ce qu’ils veulent entendre. La discussion devient alors une pièce de théâtre. […]

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