[…] Sous le titre « Des cégeps testent les eaux du bilinguisme », le quotidien The Gazette rapportait mardi que certains cégeps, publics et privés, ont créé des programmes d’échange qui pourraient s’apparenter aux projets-pilotes suggérés par Jean-François Lisée et qui offrent ce qu’ils appellent pudiquement des diplômes d’études français-anglais, évitant soigneusement de parler de bilinguisme.
C’est notamment le cas des collèges Saint-Laurent et Vanier, qui ont lancé cet automne un programme d’échange, auquel le gouvernement Charest avait donné son approbation, qui offre à leurs étudiants en science et en sciences sociales la possibilité de suivre le tiers de leurs cours dans l’autre établissement. Dans le secteur privé, les collèges Marianopolis et Brébeuf offrent un tel programme depuis trois ans déjà.
[…] Le président de la SSJBM et du Mouvement Québec français, Mario Beaulieu, qui avait milité pour l’extension de la loi 101 au niveau collégial à l’époque où il était président du PQ de Montréal-Centre, reconnaît l’appétit de bilinguisme chez les francophones et se dit ouvert à des échanges entre cégeps français et anglais, à la condition que francophones et allophones soient tenus de fréquenter des établissements clairement français. Peut-être est-ce là la solution.
Interrogé par la Gazette, l’attaché de presse du ministre de l’Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, a présenté l’échange entre Vanier et Saint-Laurent comme un « programme expérimental autorisé par l’ancien gouvernement ». Il a qualifié de « question hypothétique » la possibilité qu’il soit étendu à d’autres établissements du réseau public et aboutisse éventuellement à la création de cégeps bilingues.
[…] Il est vrai que la question est politiquement délicate. Le gouvernement sait parfaitement que de nombreux parents francophones et allophones, à qui la loi 101 interdit d’envoyer leurs enfants à l’école primaire et secondaire anglaise, souhaitent que leurs enfants acquièrent une connaissance approfondie de l’anglais. À preuve, la moitié de la clientèle des cégeps anglais, qui ne suffisent plus à la demande, est composée de non-anglophones.
Le PQ voulait précisément leur en interdire l’accès de peur qu’ils ne s’anglicisent. L’étude réalisée sous la direction de Pierre Curzi, publiée en 2010, affirmait : « Le fait de faire des études en anglais favorise grandement l’utilisation de cette langue par la suite. Ceux qui doivent suivre des formations qualifiantes dans le secteur professionnel, au cégep ou à l’université sont fortement portés à adopter la langue qui a contribué à leur formation. »