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Les écarts du ministre Lisée

Lettre publiée dans le journal Le Devoir le 4 février 2013

«Le PQ manque de netteté dans sa vision du Québec. La conséquence la plus évidente en est l’incohérence du discours de plusieurs de ses « vedettes ».

Il resterait bien peu de raisons à l’indépendance et surtout aucun enthousiasme à la désirer et à prendre les mesures pour l’établir si le PQ ne proposait qu’un Canada ramené aux frontières du Québec. À quels maux, à quels dysfonctionnements l’indépendance devrait-elle remédier ? Il s’agit d’abord de nous redonner une indépendance perdue que nous avons déjà possédée dans le sein de la France à laquelle nous étions fondamentalement accordés. Nous nous serions fatalement détachés de la France comme entité politique européenne, non pour devenir anglais, mais pour former une bifurcation originale et à part entière de la France en Amérique du Nord.

Tel était le destin premier qui nous hante toujours et qui rend illégitimes et adverses tous les avatars politiques auxquels une histoire cruelle nous a asservis.

Denys Arcand le disait récemment à propos de Trente Arpents : « Notre destin était d’être français. » Chacun a le droit de parler l’anglais pour les contraintes de la vie économique et mondiale, mais tout discours visant à égaliser l’anglais au français, à lui donner une place dans l’espace public québécois, ce discours, disons-nous, embrouille notre être, approfondit notre aliénation politique et détruit le caractère distinct du Québec dans l’immensité anglaise du Canada et des États-Unis.

Tout le monde s’accordait sur les mérites du ministre Jean-François Lisée quand il se contentait de briller en salonnard de la télévision. Il ne semble pas avoir compris ce qu’est le domaine politique, en tout cas il ne manifeste pas qu’il en ait le sens. Un ministre québécois, conscient de sa responsabilité et de son devoir de présenter une image absolument nette du Québec, doit taire absolument tout ce qui s’oppose au destin français dont nous venons de parler. Il est des sujets qui, sans doute, nécessitent des accommodements d’ordre pratique, mais ils ne doivent occuper aucune place dans le discours officiel. Tel devrait être, parmi quelques autres et en première place, la présence de l’anglais au Québec. « Celui qui dit tout ce qu’il pense est comme un enfant qui pisse au lit. » (Montherlant)

 

Lire la lettre dans le journal Le Devoir

 

 

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