Les indépendantistes tibétains sacrifiés sur l’autel du commerce mondial

 

Les 60 ans du soulèvement tibétain contre l’occupation chinoise

par Christian Gagnon  LE PATRIOTE

Le 4 juin dernier, Les médias occidentaux ont accordé une immense attention au 30e anniversaire du massacre de Tianan’men, alors que les oligarques du Parti communiste chinois ordonnaient la répression violente des manifestations pro-démocratie sur la plus grande place publique au Monde. Au sein de la jeunesse chinoise, la mal nommée Armée du Peuple faisait alors des centaines, voire des milliers de morts.

Mais le 10 mars dernier, ces mêmes médias ont été nettement moins enclins à souligner le 60e anniversaire du soulèvement tibétain contre l’occupation chinoise. Rappelons que le 10 mars 1959, le dalaï-lama, chef spirituel et politique du Tibet, devait se rendre au quartier général militaire chinois à Lhassa, la capitale tibétaine, pour y assister une pièce de théâtre. Mais beaucoup de ses concitoyens soupçonnaient cette invitation d’être un piège tendu par l’armée chinoise pour enlever le dalaï-lama, le détenir à Pékin et l’y forcer à reconnaître la souveraineté de la Chine sur le Tibet, occupé depuis 1950 par l’armée chinoise. Des milliers de Tibétains se sont alors massés autour du Palais de Potala, résidence du dalaï- lama, pour l’empêcher de se rendre au rendez-vous piégé.

Deux jours plus tard, un semblable rassemblement aux abords du Palais de Potala s’est transformé en manifestation pour l’indépendance du Tibet, puis en soulèvement contre l’occupant chinois. Une immense vague de répression militaire chinoise s’abat alors sur quelques 8000 soldats insurgés tibétains mal armés. Aux milliers de morts chez les rebelles tibétains s’ajouteront 50 000 civils tués par la puissante armée chinoise. Le 17 mars 1959, le dalaï-lama et 50 000 fidèles fuient le Tibet en traversant l’Himalaya jusqu’à Dharamsala, au nord de l’Inde où se trouve toujours le gouvernement tibétain en exil. Depuis 60 ans, la Chine traite le dalaï-lama de terroriste et intimide les chefs d’État du monde pour qu’ils ne rencontrent pas ce moine bouddhiste présumément dangereux.

De nombreux politiciens occidentaux, dont plusieurs premiers ministres québécois et canadiens (Jean Chrétien et Jean Charest en tête), nous ont répété que les réformes économiques en Chine allaient progressivement mener à des réformes démocratiques. C’était le mantra de la promotion des droits humains par le commerce. Mais le contraire s’est produit. Toujours plus riches et corrompus, les apparatchiks du Parti communiste chinois n’ont cessé de resserrer l’étau autoritaire sur leur population. Et voilà des décennies que le gouvernement chinois poursuit une politique de colonisation massive du Tibet par des Chinois de l’ethnie han majoritaire dans le but d’assimiler la langue, la culture et le bouddhisme tibétains. À cela s’ajoute une occupation militaire brutale et une répression policière implacable contre toute expression de l’identité tibétaine. Tout cela dans l’indifférence complice de l’Occident dont les produits de consommation sont en grande partie

 

Mais la répression chinoise des Tibétains n’a pas de frontières. En février dernier, Chemi Lhamo, une Canadienne de 22 ans d’origine tibétaine, a été élue présidente de l’association étudiante de l’Université de Toronto à Scarborough. Des milliers d’étudiants chinois ont alors été mobilisés pour mener sur les réseaux sociaux une campagne de dénigrement et de menaces contre elle et sa famille. Une pétition de 10 000 personnes a même été présentée pour exiger sa démission.

Un peu partout dans le monde est observé ce genre d’instrumentalisation de membres de la diaspora chinoise par les consulats chinois pour s’opposer aux revendications tibétaines. Un peu partout dans le monde ont été fermés des Instituts Confucius grassement financés par Chine à des fins d’ingérence politique et de propagande anti-tibétaine déguisées en mission éducative. Dès 2013 en Ontario, ce fut le cas de l’Université McMaster. Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a récemment rompu une entente permettant des Instituts Confucius dans une vingtaine d’écoles secondaires. Au cours des dernières années, des décisions semblables ont été prises à Toronto, en Saskatchewan et au cégep de Limoilou. Mais à Montréal, le collège Dawson reçoit un financement annuel chinois de 250 000$ pour abriter un Institut Confucius constituant la plus importante école de langue chinoise au Canada. Le directeur du collège, Richard Fillion, ne s’en formalise pas : On parle de Tianan’men, Des Ouïgours, des camps de rééducation, du Tibet… Toute société a ses vertus et ses vices. Les nôtres ne sont pas à ce point exemplaires qu’on puisse prétendre être des modèles universels. […] Les droits humains tels qu’on les a proclamés en 1949 après la Deuxième Grande Guerre sont considérés comme universels. Mais n’est-ce pas là une forme d’ impérialisme?, a-t-il déclaré à Radio-Canada.

Le fort naïf directeur du Collège Dawson sait-il qu’en décembre 2010, l’Université de Calgary a décerné un diplôme honorifique au dalaï-lama et qu’en représailles, le gouvernement chinois a décidé deux mois plus tard de ne plus reconnaître les diplômes de cette université? Les conséquences financières de cette rétorsion étaient considérables puisque l’Université de Calgary admettait 600 étudiants chinois et hongkongais par année. En décembre 2010, la présidente de l’université Elizabeth Cannon et le ministre albertain de l’Éducation Doug Horner ont alors entrepris un voyage diplomatique en Chine pour regagner la confiance de cet état totalitaire et répressif. On ne sait ce qu’ils ont promis pour finalement récupérer cette accréditation chinoise en avril 2011. On sait cependant à quel point la Chine est prête à tout pour imposer ses vues.

On apprenait aussi ces derniers mois l’utilisation chinoise de plus de 200 millions de caméras de surveillance exploitant un algorithme de reconnaissance faciale pour accumuler des milliards de renseignements et données sur les moindres comportements de ses citoyens. L’État utilise ces données pour coter les citoyens en fonction de leur soumission aux diktats du parti unique et de ses dirigeants aussi milliardaires que corrompus. Ajoutez-y l’ambition chinoise d’être à moyen terme la première puissance économique et militaire mondiale, et il est à craindre que le monde libre tout entier ne subisse tôt ou tard la dictature chinoise. On n’a qu’à en prendre pour preuve les méthodes récentes de la Chine pour mettre Hong-Kong à sa botte malgré les millions de courageux manifestants. Et que dire du sort des Ouïgours et des adeptes de Falung Gong? Le combat du Tibet pour sa liberté est donc celui de tout le monde démocratique. •••