L’indépendance : à la fois une fin et un moyen…

Article de Claude LALANDE publié dans Tribune Libre sur Vigile le 13 janvier 2012

Je suis indépendantiste depuis les premières heures du Mouvement Souveraineté Association, l’ancêtre fondateur du Parti Québécois. J’ai milité activement dans ce parti pendant de nombreuses années. Ma santé, maintenant, m’oblige à plus de retenue.

Si depuis le début, mon cœur me prie de voir l’indépendance comme une fin en soi, ma raison, d’autre part, m’impose de croire qu’elle pourrait bien être d’abord un moyen de préserver notre identité de peuple et de nation. Je suis donc un mélange de cœur et de raison. Et pourquoi pas ? N’est-ce pas là l’équilibre que doit rechercher tout être l’humain. Et pourquoi n’en serait-il de même d’un peuple, d’une nation…

L’indépendance vue à travers le prisme de la nation qui se libère, quoique que puisse en être le coût, grandit et ennoblit. Ces peuples qui conquièrent leur indépendance au prix du sang, de la souffrance, du travail et de la ténacité suscitent d’emblée l’admiration de tous. Ceux qui agissent uniquement par intérêt, ne serait-ce que celui de la survie évitent le blâme et ne reçoivent que l’applaudissement des pragmatiques. Ceux qui savent entremêler cœur et raison, doser correctement fierté, survie et intérêts nationaux, s’ouvrent les portes du respect et de l’admiration sur fond de sagesse.

Le Québec, pour peu qu’il accepte d’être fier de lui-même, qu’il prenne conscience que sa survie identitaire, donc linguistique (la langue est beaucoup plus qu’un instrument de communication) est menacée, pourrait appartenir à cette troisième catégorie.

Il appartient à nos dirigeants actuels, à tous ceux qui ont à cœur la survie de notre culture, de notre langue et de notre identité de réfléchir ou de d’approfondir leur réflexion sur notre avenir de peuple distinct et francophone. De prendre conscience des dangers qui nous menacent sur les plan culturel et linguistique et d’agir en conséquence. Il y a urgence.

Il y a urgence de dire, de crier, de répéter à tous vents, dix fois plutôt qu’une, que notre langue est menacée et qu’elle risque de n’être qu’objet de folklore dans quelques générations si rien n’est fait maintenant pour l’en préserver. Une forme de « lousianisation » guette le Québec.

J’ai longtemps pensé que l’obtention d’un statut particulier, conférant au Québec les pleins pouvoirs en matière de langue et de culture pourrait garantir l’avenir identitaire des Québécois. En admettant qu’un tel statut particulier puisse être possible au sein de la fédération canadienne, serait-il suffisant pour préserver notre identité ? J’en doute de plus en plus. Mais nous reprendrons cette discussion plus tard…

Les Québécois, qui savent encore vibrer à l’appel de la langue, devraient réagir à cet appel identitaire de nos dirigeants et, voyant l’indépendance comme dernier recours à la sauvegarde de notre identité, la choisir dans un heureux mélange de fierté, de survie, et de pragmatisme.

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