Lisée et calembredaine

LE PATRIOTE | Philippe Dujardin
Actuellement nous voyons une partie de la population se radicaliser. Plusieurs sociologues ont analysé cela. Ces symptômes ne doivent pas être banalisés par les politiciens. Les changements tant attendus par les électeurs sont paralysés par la partisanerie. De plus, dans cette société individualisée, le citoyen est à la recherche de ce qui va lui revenir directement. Il veut rentabiliser son vote. Ce n’est plus l’électeur civilisé dont le seul devoir est d’aller voter. On ne peut plus rationaliser l’électorat. Il est imprévisible et s’est matérialisé sous une forme contestataire. Et avec le repli communautaire, certains groupes se trouvent imperméabilisés du reste de la société.

C’est la faillite des politiciens qui ont tenté d’intellectualiser les choix de l’électorat. Il vient de leur échapper, ils se sont décrédibilisés auprès de la population. La grogne des électeurs ne pourra pas être éternellement canalisée. Nous voyons se matérialiser un populisme chez les classes moyennes. Surtout localisé en région. Lisez les réseaux sociaux, les commentaires dans les médias, la fracture entre les régions et Montréal est flagrante. L’idée même de fédéraliser le Québec a été soulevé par Guy Bertrand. Cela prendrait peu pour que cette province finisse parcellisée. Alors les libéraux pourront continuer de nous dévaliser en toute tranquillité. Détruire nos acquis sociaux et pénaliser les individus les plus vulnérables. Ou se retrouver encore impliqué dans des scandales sans que plus personne n’en soit scandalisé. Des citoyens totalement désensibilisés, cyniques.

Toute la politique est monopolisée par des débats sur la question nationale. Même quand le chef du Parti québécois tente de dénationaliser ses déclarations. Il ne sert à rien de temporaliser la tenue d’un référendum à 2022. Il aura beau le vocaliser de toutes les façons possibles, Couillard va lui remettre sous le nez. On pourrait javelliser le programme du PQ de toute aspiration souverainiste que cela n’y changerait rien.

Et le chef aura beau se draper dans un fleurdelisé, le vote souverainiste ne lui sera pourtant plus forcément acquis. Alors nous n’arriverons plus à fidéliser notre base militante qui possiblement ira voir ailleurs. Et cela va déstabiliser l’ensemble des partis indépendantistes.

Les péquistes se retrouvent à tout coup paralysés. Et leur troupe démoralisée. Comme si les affaires du Colisée n’avaient pas été assez pénibles. Ou l’avion nolisé de PKP. Ils sont enlisés. Incapables de coaliser les autres forces pour gagner. Comme si notre incapacité à prendre le pouvoir s’était formalisée. Toutes nos tentatives cannibalisées par cette chicane entre souverainistes. Nous, nous sommes spécialisés dans la division. Nous allons pouvoir immortaliser notre incapacité à déloger les fédéralistes. Les Libéraux peuvent continuer de servir des patates lyophilisées dans les CHSLD sans craindre de perdre le pouvoir.

Ça va prendre plus qu’un nouveau programme stylisé. Il faut réactualiser les stratégies indépendantistes. Sinon le Parti québécois finira fossilisé dans ses dogmes. Saint René et le saint référendum, va falloir désacraliser tout cela. On va devoir revoir totalement notre approche de la politique si on veut un jour réaliser notre émancipation. Afin d’égaliser notre rapport avec les autres nations libres, les autres pays. Nous devons naturaliser les attitudes gagnantes dans notre culture de peuple colonisé. Sinon, sans l’indépendance, nous finirons marginalisés au sein de sa propre nation par les Canadiens.

Élisez le bon chef la prochaine fois. Au lieu de vous focaliser uniquement sur la prise du pouvoir en 2018. D’idéaliser des conditions gagnantes. Vous avez fragilisé encore plus durablement le mouvement indépendantiste. Et pas besoin de nous culpabiliser, nous simples militants. Nous ne sommes pas responsables d’avoir été démobilisés pour de simples calculs politiques.