Marc Nadon à la Cour Suprême – Une nomination qui nie le caractère distinct du Québec

«Nommé à la Cour fédérale en 1993 il n’a jamais exercé la profession d’avocat sous l’empire de l’actuel Code civil du Québec»

La nomination du juge Marc Nadon de la Cour d’appel fédérale à la Cour suprême pose problème.

marc nadon

L’affaire est importante, car comme dans le dossier de la réforme du Sénat ou encore celui de la modification des règles de succession royale (deux initiatives également contestées devant les tribunaux), le gouvernement fédéral procède unilatéralement à la modification de règles constitutionnelles protégées par une procédure exigeant le consentement des provinces.

Or, en vertu de l’article 41 de la Loi constitutionnelle, le Parlement fédéral ne peut, sans le consentement de chacune des provinces, modifier la composition de la Cour suprême du Canada.».

Dans une motion unanime, l’Assemblée nationale a, à juste titre, dénoncé la nomination du juge Nadon et a demandé un droit de regard sur la nomination des trois juges québécois à la Cour suprême.[…]

l’article 6 de la LCS […]   établit des exigences spécifiques à la nomination de trois juges en provenance du Québec. Il requiert que les trois juges québécois soient choisis parmi des membres de la Cour supérieure ou de la Cour d’appel du Québec

 Ces garanties remontent à l’Acte de Québec de 1774 et constituent l’un des aspects essentiels du caractère distinctif du Québec.

La récente reconnaissance de la nation québécoise par la Chambre des communes confirme que ces garanties ont nécessairement une dimension culturelle, puisque le droit civil est un élément majeur de la culture de la nation québécoise.

Les plus cyniques n’y verront rien pour accroître la confiance du public dans le processus de nomination des juges et la bonne administration de la justice ! Enfin, on voit mal comment la Cour suprême peut préserver une apparence d’impartialité dans cette affaire au sens de sa propre jurisprudence rigoureuse, en décidant de la constitutionnalité de la nomination d’un de ses membres, qui a été assermenté et aurait même déjà son bureau sur les lieux de cette institution centrale de l’État canadien.

Article publié par André Joli-coeur, André Binette, Patrick Taillon et Étienne Dubreuil
dans le journal Le Devoir le 26 novembre 2013  –

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