1890
Centre d’Histoire de Montréal | Journal de Montréal
Un grand rassemblement
Ces gravures, tirées du journal L’Opinion publique, montrent différents décors réalisés dans les rues de Montréal pour la fête de la Saint-Jean de 1874. Cette année-là, la Société Saint-Jean-Baptiste, dont l’origine remonte à 1834, promet un événement grandiose et un grand rassemblement patriotique! Fondée pour mettre de l’avant les intérêts canadiens-français, la société – qui existe encore aujourd’hui – invite tous les francophones d’Amérique à converger vers Montréal. Les Écossais ont la St-Andrew, les Irlandais ont la St-Patrick, pourquoi les Canadiens français n’auraient-ils par la Saint-Jean-Baptiste pour fête nationale!? On allume en effet des feux de la Saint-Jean dès 1646, à l’époque de la Nouvelle-France. Pour les organisateurs, la date est donc toute désignée pour célébrer le fait français en Amérique. Lors de cette impressionnante rencontre, aux milliers de participants québécois et canadiens viennent se joindre plus de 10 000 «frères des États», ces Franco-Américains installés en Nouvelle-Angleterre.
Défilés et autres traditions
La foule est dense sur la rue Notre-Dame pour ce beau jour de fête. La Saint-Jean sans sa parade, ce n’est pas tout à fait la même chose… Le défilé initié par la Société Saint-Jean-Baptiste devient une tradition. En 1890, cette association a son propre char avec sa bannière, tiré par des chevaux. Écoutez la fanfare et les trompettes qui font sonner À la claire fontaine ou Vive la Canadienne! . À cette époque, le défilé montre probablement un petit garçon blond, personnifiant le Baptiste. Quant aux feux de la Saint-Jean, moins fréquents de nos jours, ils remontent à l’époque où cette fête était païenne et célébrait le solstice d’été. Beaucoup d’autres pays d’Europe ont conservé cette manière de souligner l’arrivée de la belle saison. Quant aux Canadiens français, s’ils adoptent le vigoureux Saint-Jean-Baptiste pour leur fête nationale, ils garderont comme saint patron l’humble Saint-Joseph, vénéré depuis la Nouvelle-France.
Le Crystal Palace de Cléophas Duclos, dans Griffintown
Voilà un nom qui claque bien sous la langue! Tout juste au coin des rues Notre-Dame et de l’Aqueduc, Joseph Cléophas Duclos, verrier, s’est inspiré du prestigieux Palais de Cristal, bien connu des Montréalais, un palais d’exposition de verre imitant celui de Londres. L’enseigne du commerce nous indique, en anglais, qu’il est aussi importateur. On entre par ici dans Griffintown, un territoire à cheval sur les quartiers Sainte-Anne et Saint-Antoine. Traditionnellement irlandais, le secteur s’est diversifié. Les voisins de M. Duclos, les Lalonde, sont boulangers. Quelques portes plus loin, monsieur Bernstein est peut-être juif, mais il vend de bien belles chemises… parisiennes! Les rues des abords du carré Chaboillez grouillent de vie et sont peuplées d’ouvriers de toutes origines qui travaillent dans la fonderie Clendinning, à la brasserie Dow ou dans les minoteries du canal Lachine. Quartier populaire, il est délaissé au 20e siècle avant de connaître depuis quelques années une renaissance immobilière importante.