On ne doit plus accepter que des gens comme Jacob Tierney et Marc Cassivi salissent le Québec

Les Québécoises et le Québécois sont en général très ouverts sur les autres cultures. Nous ne sommes pas parfaits, mais il y a des limites à se faire charrier. Dans sa dénonciation des propos méprisants du cinéaste Jacob Tierney, le président du Festival SPASM cite les films « Le jour avant le lendemain (Marie-Hélène Cousineau et Madelaine Ivau), Un dimanche à Kigali (Robert Favreau), Le Nèg’ (Robert Morin), Mambo Italiano (Émile Gaudreault), Littoral (Wajdi Mouawad), La cité des ombres (Kim Nguyen), Bon cop, bad cop (Érik Canuel) et la liste est longue… »

M. Thierny décrète sans ambages que « La société québécoise est extrêmement tournée sur elle-même. Notre art et notre culture ne présentent que des Blancs francophones. Les anglophones et les immigrants sont ignorés. Ils n’ont aucune place dans le rêve québécois. C’est honteux.»

La récupération que Marc Cassivi en a faite me lève le coeur. C’est un apôtre de la ligne éditoriale de La Presse, qui reprend à son compte le mépris qu’on retrouve fréquemment au Canada anglais envers la société québécoise, et surtout la haine des « méchants séparatistes » et des « purs et durs ». Depuis des décennies, les éditoriaux de la presse présentent la communauté anglophone comme une minorité maltraitée et taxent tout mouvement de défense ou de promotion du français d’alarmisme ou de xénophobie.

Qui sont ceux que M. Cassivi qualifie de « thuriféraires du nationalisme ethnique et monomaniaques de la langue française, en offrant une nouvelle tribune au discours poussiéreux du Cercle québécois des réactionnaires »? Et quand il crache : « pourquoi a-t-on condamné les propos de Jacob Tierney? Surtout, à mon sens, parce qu’il est anglophone. Le vice rédhibitoire. Un francophone aurait dit la même chose qu’on l’aurait à peine évoqué. », cela revient à dire que les Québécois devraient accepter en silence ce type de calomnie autant de la part des francophones que des anglophones?

Messieurs Cassivi et Thierny devraient aller faire un petit tout au festival d’été de Québec! Mais pour eux, il n’est pas suffisant que les Québécois consomment de plus en plus de produits culturels en anglais, ils voudraient nous voir aussi angliciser les productions francophones. C’est ce que réclame ouvertement M. Cassivi : « Combien de fois a-t-on vu un personnage s’exprimer en anglais dans un film québécois (à l’exception de Bon Cop, Bad Cop, produit par le père de Jacob, Kevin Tierney)? »

Je termine en citant la réflexion percutante de Jarrett Mann, président du festival SPASM :

« Comme c’est malheureusement encore le cas, un anglophone montréalais, québécois, canadien véhicule des préjugés non fondés sur les Québécois, et plus précisément sur la manière dont la culture québécoise opprime les «autres» cultures. Le cinéaste Jacob Tierney (Le Trotsky) – présentement à Los Angeles, où on présente son film en première, grâce à la collaboration du gouvernement du Québec, qui a même tenu une réception en son honneur – n’a rien trouvé de mieux à faire avec cette magnifique tribune que de cracher des propos xénophobes sur le cinéma québécois. Il est de mise de se demander sur quoi ces critiques virulentes sont fondées? Sûrement pas sur les films: Le jour avant le lendemain (Marie-Hélène Cousineau et Madelaine Ivau), Un dimanche à Kigali (Robert Favreau), Le Nèg’ (Robert Morin), Mambo Italiano (Émile Gaudreault), Littoral (Wajdi Mouawad), La cité des ombres (Kim Nguyen), Bon cop, bad cop (Érik Canuel) et la liste est longue… Et malgré tous ces exemples qui prouvent le contraire, quel est le problème du cinéma québécois s’il se décide à présenter des Québécois qui parlent français? Allons-nous reprocher au cinéma italien de mettre en scène des Italiens?? Nous sommes une minorité et c’est notre droit, si ce n’est pas notre devoir, de nous présenter à l’écran de la manière la plus juste possible. Ce n’est certainement pas le reste du Canada qui va s’en charger. »

Les Québécois ne doivent plus se laisser culpabiliser et calomnier de cette façon sans réagir. Alors seulement, nous pourrons commencer à briser le mur des deux solitudes.