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Nos cerveaux sont nos ressources naturelles

Hélène Roulot-Ganzmann | Le Devoir

 

L’Association francophone pour le savoir (Acfas) a une nouvelle présidente en la personne de Lyne Sauvageau. Détentrice d’un doctorat en santé publique de l’Université de Montréal et d’une maîtrise en science politique de l’Université Laval, Mme Sauvageau était jusque-là vice-présidente à l’enseignement et à la recherche de l’Université du Québec. Elle dévoile au Devoir les priorités de son mandat.

Cible numéro un de la nouvelle présidente : la relève. Et en premier lieu : faire en sorte que de plus en plus de jeunes Québécois prennent le chemin de l’université.

« Parce que nos cerveaux sont nos ressources naturelles, lance-t-elle. Mais pour attirer plus de jeunes dans les laboratoires de recherche, il faut faire rayonner les travaux de ceux qui s’y trouvent déjà. C’est ce que nous nous attelons à faire à l’Acfas. »

La jeune présidente rappelle que seul le tiers des 25-34 ans ont un diplôme de premier cycle universitaire et que cela place le Québec en bas de la moyenne des pays de l’OCDE.

« C’est une situation que nous ne regardons pas souvent, mais qui justifie pleinement la priorité que l’Acfas accorde à la relève, assume-t-elle, à ses besoins et au rôle fondamental qu’elle joue dans notre système de recherche et dans la société. »

Elle raconte ainsi comment, la veille de notre entrevue, elle a assisté à une activité organisée par l’association et qui mettait en vedette plusieurs étudiants dont les recherches ont abouti à un produit pouvant être mis en marché. Les uns ont découvert des probiotiques susceptibles de remplacer les agents chimiques qui servent de conservateurs dans l’industrie alimentaire et qui sont de plus en plus décriés. Les autres ont réussi à améliorer le moteur électrique.

« Ce sont des modèles pour les jeunes qui sont aujourd’hui au secondaire ou au cégep, estime-t-elle. Ça leur montre que faire un doctorat, ce n’est pas seulement faire des études. C’est aussi avoir des idées concrètes susceptibles de faire avancer la société et, le cas échéant, se lancer en affaires grâce à celles-ci. »

 

 

La chasse aux fausses nouvelles

L’activité évoquée par Mme Sauvageau est le concours Génies en affaires. Mais l’Acfas propose d’autres programmes destinés à la relève, comme Ma thèse en 180 secondes ou encore les Journées de la relève en recherche, dont la dernière édition a eu lieu en septembre 2017. Par ailleurs, l’association aide les jeunes chercheurs à mieux communiquer et à mettre en valeur leurs résultats.

Car voilà une autre priorité que se fixe la nouvelle présidente : mieux communiquer, vulgariser. « Maintenir l’importance des faits alors même que de plus en plus d’informations circulent, de plus en plus rapidement et sur toutes sortes de plateformes, précise Lyne Sauvageau. Faire en sorte que l’on se réfère toujours à des faits et à des résultats de recherche. C’est fondamental dans la société d’aujourd’hui. La recherche donne l’heure juste. Elle fait contrepoids aux fausses nouvelles. »

L’Acfas s’engage donc à encourager les chercheurs à communiquer avec le grand public, car il en va de leur responsabilité sociale. Dans la même veine, elle a mis en place une grille tarifaire spécifique pour encourager le public non universitaire à participer à son grand congrès annuel, et ce, afin qu’un dialogue puisse s’instaurer entre la science et la société.

 

Maintenir le dialogue en français

Pour cela, rien de tel que de communiquer en français. Voilà une autre priorité de Lyne Sauvageau qui, bien qu’elle comprenne la pression qu’il y a à publier en anglais afin d’élargir son auditoire et de pouvoir échanger avec le monde entier, estime que, si les scientifiques veulent garder leur capacité à travailler avec le terrain, ils ne peuvent le faire au Québec qu’en français.

« Dans le domaine de la recherche en éducation, par exemple, les chercheurs sont en relation étroite avec des écoles, des professeurs, des élèves. Ces échanges se font en français. Ici, au Québec, pour maintenir le dialogue avec la société, la langue, c’est le français. »

Mme Sauvageau explique par ailleurs que la science passe par des concepts culturels et que ces concepts sont enchâssés dans la langue. Elle indique que ce que recouvre un mot peut différer d’une langue à l’autre et que la science perdrait de sa richesse si elle ne se produisait plus que dans une seule langue devenue universelle. « En se limitant à l’anglais, on limite la science elle-même », résume-t-elle.

Sous sa présidence, l’Acfas poursuivra donc son engagement envers la recherche et la diffusion du savoir en français, et cela, dans des « espaces multilingues et ouverts ».

 

 

 

SOURCE

 

 

 

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