Nouvelles statistiques: la catastrophe du français à Montréal

Le billet de Louis Préfontaine et les échanges subséquents dans son blogue sont très intéressants : http://louisprefontaine.com/2009/08/04/statistiques-francais-montreal#comment-21356

Il faut se réveiller! Sur l’île de Montréal, la proportion des francophones selon la langue parlée à la maison est de 56,4%, ce qui est inférieur de plus de 5 % à celle de 1986 (61,8 %). La proportion de francophones à Montréal n’était jamais descendue sous la barre des 60 % depuis le recensement de 1871.

La baisse de l’usage du français à la maison provient de ce que le pouvoir d’attraction de l’anglais supplante encore largement celui du français. Selon les données du dernier recensement de Statistique Canada, les transferts linguistiques se font à 54 % vers l’anglais alors qu’ils devraient se faire à 90 % vers le français, puisqu’il y a environ 10% d’anglophones. Dans le reste du Canada, ils se font à près de 100% vers l’anglais. De plus, une bonne partie de l’augmentation apparente des transferts vers le français au Québec est reliée en partie à des modifications du questionnaire du recensement, ainsi qu’à la migration des anglophones et des immigrants anglicisés vers l’extérieur du Québec.

La meilleure méthode pour évaluer la force d’attraction du français ou de l’anglais est l’indicateur de vitalité linguistique (IVL). Il correspond à la proportion de locuteurs selon la langue d’usage par rapport aux locuteurs selon la langue maternelle. Selon cet indicateur, de1986 à 2006, l’anglais a attiré un surplus de locuteurs qui est passé de 15 % à 39 %, alors que la vitalité du français a légèrement décliné, passant de 6 % à 5 %.

Les résultats des études sur la langue d’usage publique et sur la langue de travail montrent dans les faits une stagnation ou un recul depuis une vingtaine d’années. Le français est encore loin d’être la langue publique commune au Québec. L’usage public du français à Montréal se retrouve principalement chez les francophones et les nouveaux immigrants déjà francisés avant leur arrivée. L’anglais est toujours très largement utilisé dans les communications « interlinguistiques ».

Dans son Avis sur Le français, langue normale et habituelle du travail en 2005, le Conseil supérieur de la langue française concluait que : « Force est de constater que la généralisation de l’usage du français au travail ne s’est pas opérée, en ce qui concerne la plus grande partie des travailleurs allophones, et que la langue de convergence demeure l’anglais dans bon nombre de cas. »

Faire du français la langue publique commune à Montréal est un facteur essentiel de l’inclusion des nouveaux arrivants à la société québécoise. C’est la condition première pour assurer l’avenir du français au Québec, seul État majoritairement francophone de l’Amérique du nord. C’est contribuer à la défense de la diversité culturelle dans la mondialisation. C’est dans cet esprit pluraliste et inclusif que la Charte de la langue française a été adoptée.

Mais la Charte de la langue française a été grandement contestée et affaiblie dès son instauration. Rappelons-nous que la Loi 101 a subi plus de 200 modifications qui l’ont affaiblie dans la plupart de ses secteurs d’application. Ainsi, la loi qui devait rendre le français incontournable est devenue une loi permettant le bilinguisme.

Depuis son adoption en 1977, la Loi 101 a subi une campagne de dénigrement intense de la part de différents groupes de pression prônant le bilinguisme anglais-français. Les lois linguistiques existent partout dans le monde, soit dans plus de 190 États et 110 pays. Dans la plupart des États, sur un territoire donné, une seule langue est utilisée dans l’éducation et les services publics. Le bilinguisme officiel, institutionnel ou social (et non pas individuel) favorise invariablement l’assimilation progressive des langues minoritaires. Depuis l’établissement de la Loi fédérale sur le bilinguisme officiel, le taux d’anglicisation des francophones hors-Québec connait une croissance constante.