David Le Gallant | Acadie nouvelle
Imaginons-nous si soudainement le gouverment fédéral décidait qu’il fallait changer la date commémorative du Jour du Souvenir canadien du 11 novembre pour la date de la déclaration qui a mis en branle les mesures pour la Première Guerre mondiale? Ne serait-ce pas plus juste de retenir le 11 Novembre puisque cela avait marqué la fin officiel de tant de souffrances humaines d’innocentes victimes?
Pourtant c’est exactement ce que Patrimoine canadien en collusion avec des intervenants ferrures dorés de notre élite acadienne, fait chaque année depuis 2005 quant à la date du 28 juillet infâme. On voudrait bien savoir qui au juste a suggéré cette date-là pour une journée de commémoration du quasi-génocide de tout un peuple.
Pour ce qui est de la date du 28 juillet, il n’y en a pas une de plus exécrable pour le peuple acadien. La date du 28 juillet 1755 en histoire acadienne et britannique marque le jour même que Jonathan Belcher, le juge en chef de la Nouvelle-Écosse ainsi que membre du conseil du gouvernement à Halifax, a déposé et signé le renvoi judiciaire qui, pour des raisons purement politiques (pour protéger les intérêts de Sa Majesté dans la province) l’a obligé de conseiller humblement la déportation, en période de paix, de ce peuple inoffensif que nous étions.
Encore pire, le jour même du 28 juillet 1755 marque le moment que le conseil de la Nouvelle-Écosse, en présence de deux représentants du gouvernement de Sa Majesté britannique, les amiraux Edward Boscawen et Savage Mostyn, a pris les mesures pour effectivement mettre en branle la décision déterminée d’avance de déporter le peuple acadien.
C’est cette date fatidique qu’on nous demande de commémorer annuellement depuis 2005, l’année du 250e annversaire du début du nettoyage ethnique du peuple acadien. Comme on l’avait bien mentionné à un moment donné, la proclamation royale canadienne du 9 décembre 2003 fomentée par Stéphane Dion, aujourd’hui ambassadeur en Allemagne, et Patrimoine canadien, est une « bouillabaise insipide de bonnes intentions enrobées dans l’euphémisme inoffensif d’un Grand Dérangement ».
La commémoration annuelle du 28 juillet préconisée par Patrimoine canadien et la députation libérale fédérale acadienne de l’époque (qui avait refusé à la Chambre des communes que la Couronne britannique reconnaisse les torts causées aux Acadiens entre 1755 et 1763) doit être abolie sans ambages et permettre aux Acadiens eux-mêmes de se choisir une « Jour de Souvenir acadien » de mise pour commémorer les souffrances humaines de tant d’innocentes victimes de la Déportaion acadienne (1755-1762).
David Le Gallant