Verchères, le 12 novembre 2017 – Dans la foulée du dévoilement du mémorial Ludger-Duvernay, fondateur de la Société Saint-Jean-Baptiste.
C’est avec émotion que nous rendons hommage, ces jours-ci, au grand Ludger Duvernay, cet homme illustre, ce patriote hors du commun, épris de lumières et de liberté ; un homme de lettres et de combats, un visionnaire bien d’ici qui fait la fierté de toute une nation et du village qui l’a vu naître…
Je me demande si Duvernay mesurait déjà à l’époque de sa vie active, l’importance de sa contribution à l’essor du peuple québécois et de la civilisation française d’Amérique. Aurait-il pu deviner qu’encore aujourd’hui, sa principale œuvre, la Société Saint-Jean-Baptiste, et son combat, non seulement lui survivraient, mais se poursuivraient d’une manière toujours plus intense et soutenue ?
Certes, il est toujours hasardeux de faire parler les morts, mais tout de même, je pense qu’il serait heureux du travail accompli jusqu’ici. Il serait fier de nous, à nous voir nous démener jour après jour comme des diables dans l’eau bénite, pour rendre le peuple meilleur. Il serait heureux de constater que la Société Saint-Jean-Baptiste est demeurée ce grand pilier du mouvement patriotique et libérateur dont il a eu la vision.
En revanche, je me demande ce qu’il penserait de l’état d’esprit de notre peuple en 2017. Lui qui écrivait que « l’union fait la force », il se désolerait sûrement de nos divisions stériles, de nos « luttes fratricides », pour reprendre les termes d’Honoré Mercier, et du fait que des forces régressives nous gouvernent depuis si longtemps. Sans doute ferait-il tout en son pouvoir pour que le peuple se prenne en main et assure lui-même sa gouverne, en dénonçant et renversant les chouayens et autres douteux personnages qui nous « dirigent », voyant bien que c’est vers l’abîme qu’ils nous « dirigent ».
Le grand journaliste qu’il était se désolerait probablement aussi de la concentration malsaine et hors de contrôle de nos médias, sans compter la médiocrité de ce qui se dit, s’écrit et se propage chaque jour au Québec. La presse libre, véritablement libre, telle qu’il la revendiquait, n’existe ici qu’en théorie, alors qu’en pratique, la pensée, les idées, la raison publique se trouvent largement manipulées, quand elles ne sont pas refoulées sous l’insignifiance de l’information-spectacle.
À bien y penser, si Duvernay revenait aujourd’hui, il serait encore un homme révolté. Il se battrait corps et âme pour cette vertu à laquelle il croyait si fermement, en dépit de tous revers qu’ont pu essuyer nos espérances au fil du temps. Et il le ferait jusqu’au péril de son confort et de sa carrière, lui qui pour faire valoir ses idées, n’a jamais craint l’adversité, les emprisonnements, et même l’exil.
Quant à nous, il n’y a pas une action que nous posons sans que nous n’ayons une pensée pour le fondateur de notre grand mouvement. À tout moment, nous nous demandons si l’humaniste et le démocrate qu’il était serait d’accord avec telle ou telle prise de position ; autrement dit, ce qu’il ferait s’il était toujours des nôtres. Évidemment, les temps changent, notre réalité nationale évolue, mais nous demeurons imprégnés de son esprit et de ses valeurs.
Je tiens donc à rendre hommage au comité du mémorial Ludger-Duvernay qui, de manière admirable, a travaillé l’érection du buste que nous dévoilons en ce mois de novembre 2017. Merci monsieur Alexandre Belisle de même qu’à messieurs les députés Stéphane Bergeron et Xavier Barsalou-Duval. Remerciements spéciaux au Rassemblement pour un pays souverain et à son président, monsieur Benoît Roy. Enfin, félicitations au sculpteur Jules Lasalle qui, d’une main de maître, a su ressusciter le regard déterminé du patriote Duvernay !
Je terminerai en rappelant le toast lumineux porté par Ludger Duvernay lors du premier banquet de la Fête nationale en 1834 : vive le peuple, « source primitive de toute autorité légitime » !
Vive la liberté ! Vive l’indépendance !
Maxime Laporte
Président général, Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal