Projet de loi 14 – Quitter l’immobilisme linguistique, un impératif!

loi14«Le débat qui a cours au sujet du projet de loi 14 correspond bien peu à son contenu. Certains l’accusent de brimer les droits de la minorité historique anglophone et de déclarer une ” guerre à l’anglais “, ce qui est faux. D’autres l’accusent de radicaliser la loi 101 et de trahir l’héritage de René Lévesque, ce qui l’est tout autant. D’autres encore remettent en question les fondements mêmes de la loi 101, en contestant l’obligation de fréquentation scolaire pour les francophones et les immigrants. Pour la première fois depuis trente ans, dans l’espace public, y compris à l’Assemblée nationale, il s’en trouve même pour contester le principe de la nette prédominance du français et de son statut de seule langue officielle. Pourrait-on revenir au projet de loi 14, à ses constats et à ses propositions ?»

Le constat

«Un premier constat : la fragilité intrinsèque de la langue française au Québec, qui, tout au long de son histoire, a été l’objet d’un combat collectif. C’est finalement en 1977 que la Charte de la langue française a fait du Québec un État francophone. Ce qui ne l’a pas empêché de reconnaître et de respecter les droits de sa communauté anglophone, mieux que le Canada envers ses communautés francophones. La loi 101 a assigné à l’État québécois une mission identitaire fondamentale. Au fil des ans, on a assisté à un relâchement linguistique inquiétant. L’État québécois doit reprendre l’initiative. C’est la première vertu du projet de loi 14 : il rompt avec l’attentisme linguistique et reconnaît l’urgence d’un redressement. Si plusieurs considèrent qu’il ne va pas assez loin – et on peut raisonnablement penser que la situation minoritaire du gouvernement l’oblige à des compromis désagréables -, il représente cependant un pas dans la bonne direction qu’il faut impérativement franchir.

À quoi touche ce projet de loi ? Au droit de vivre en français, à la langue de travail, à la langue d’enseignement, à la langue de l’administration et à l’immigration. Cela nous rappelle qu’une politique linguistique est nécessairement une politique globale et qu’elle doit engager tous les acteurs de l’État dans un travail collectif de francisation. Droit de vivre en français
Au Québec, le français n’est pas une langue sur deux. L’inscription, dans la Charte des droits et libertés, du droit de vivre et de travailler en français, vient consacrer le statut du français comme langue à partir de laquelle s’organisent les relations sociales».

 

Collectif d’auteur
Lettre ouverte publiée dans Le Devoir

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Ont signé ce texte : Claude Béland, Mathieu Bock-Côté, Gérard Bouchard, Jean-Claude Corbeil, Louise Duceppe, Renaud Lapierre, Gérald Larose, Louise Marleau, Alice Mascarenhas, Mélina Morin, Nicole René, Guy Rocher, Geldian Stroni, Glenda Wagner.