Article de Dominique Boisvert publié dans L’Aut’Journal le 15 décembre 2011
Vraiment difficile, pour un Québécois, d’être Canadien en décembre 2011! Non seulement à cause du peu d’acceptation de son identité spécifique au sein du pays (cette vieille question nationale toujours pas réglée de manière satisfaisante), mais surtout parce que le gouvernement du Canada ne le représente absolument plus.
Que ce soit pour le traitement plus répressif des jeunes contrevenants, pour l’abolition du registre des armes à feu, pour la célébration et la glorification de la guerre (celle de 1812 ou celle de Lybie), pour l’attachement public à la royauté britannique, et maintenant pour le retrait officiel du protocole de Kyoto, ce gouvernement Harper majoritaire fait fi de toutes les sensibilités et les valeurs québécoises, même quand elles sont exprimées à l’unanimité de l’Assemblée nationale du Québec!
L’annonce, dès son retour de Durban, par le ministre de l’Environnement Peter Kent, du reniement unilatéral du Canada de son engagement international envers Kyoto, dans le seul but d’éviter les pénalités de quelque 14 milliards de dollars que lui vaudrait, l’an prochain, son incapacité et son refus coupables de réduire ses gaz à effet de serre comme il s’y était légalement engagé, est une décision gouvernementale honteuse face à la communauté internationale : la signature ou la parole donnée du Canada ne vaut plus rien, et sa participation récente aux négociations climatiques de Durban reposait sur une totale mauvaise foi.
Et si on ajoute à cela les coupures de budget à la communauté scientifique chargée d’étudier le climat et la performance du Canada en matière de protection de l’environnement, on ne peut que conclure à l’incompétence ou au choix délibéré de protéger les intérêts économiques des pollueurs au détriment du sort de l’humanité.
Comment, dans ces circonstances, vais-je pouvoir continuer de me considérer comme un citoyen canadien (surtout quand on voit le peu de protection qu’un Canadien peut désormais attendre de son gouvernement quand il a des problèmes à l’étranger)? Comment, au nom de la démocratie et du respect de mes concitoyens qui pensent comme le gouvernement Harper (minoritaires : 39% aux dernières élections), vais-je pouvoir continuer à respecter les lois adoptées par ce gouvernement?
Je songe sérieusement à opter pour la désobéissance civile publique, pour forcer l’attention des décideurs et des faiseurs d’opinion et manifester clairement que le temps est venu de passer « de la parole aux actes ».
Il ne suffit plus de dénoncer les décisions dangereuses ou purement idéologiques du gouvernement Harper. Il va maintenant falloir y résister ouvertement et accepter d’en payer le prix. C’est là le fondement de la nonviolence : combattre résolument l’injustice tout en respectant l’adversaire et en refusant de recourir aux mêmes armes que l’on dénonce chez lui.