Selon ces dérives diffamatoires, les Québécois francophones – je résume – sont foncièrement ethnocentriques, xénophobes, intolérants, racistes, antisémites, nazis… et j’en passe. C’est énorme, sans aucun rapport avec les faits et malveillant.
[…] De nos jours, quand des leaders anglo-québécois s’appuient sur le gouvernement fédéral et la majorité anglo-canadienne soit pour renverser partiellement la loi 101 (avec la Constitution de 1982), soit pour délégitimer une éventuelle victoire du oui au référendum (avec la fameuse loi sur la clarté et la menace partitionniste), ils agissent ainsi dans le droit fil de l’histoire : ils resserrent leur tutelle sur une démocratie parlementaire qu’ils ne contrôlent pas (celle du Québec), tout simplement parce qu’ils refusent obstinément la «black rule».
La prétendue loi sur la clarté en est l’illustration mathématique : le rehaussement du seuil majoritaire au-delà de 50 % revient à remettre la décision à la minorité des voix (si 56 % perdent le scrutin, en effet, c’est que 44 % l’emportent).
La stratégie historique des anglophones canadiens est la suivante : quand ils sont majoritaires, c’est la loi de la majorité qui s’applique; quand ils sont minoritaires, c’est le droit des minorités.
[…] Le gouvernement fédéral et les milieux fédéralistes canadiens cherchent par tous les moyens, y compris la diffamation, à maintenir les francophones du Québec dans une sorte d’ethnicité factice et caricaturale, pour mieux dissimuler que, sur le terrain politique, ce sont deux constructions citoyennes qui s’affrontent, une citoyenneté canadienne et une citoyenneté québécoise.
Car l’intégration de tous à la citoyenneté québécoise, quels que soient leur origine ou leur statut social, est une exigence de la souveraineté : mais cette citoyenneté, il faut la construire.
Et la meilleure façon de la construire consiste à l’incarner dans l’action même qui nous rassemble en faveur de la souveraineté et à la mettre en évidence dans toutes les organisations porteuses de ce projet.