Québec indépendant : des avantages qui touchent les gens «ordinaires»

COLLECTIF DE CITOYENS | LA PRESSE | 16/09/11

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[ Photo : Inconnu ] – Cette affirmation, selon laquelle il faut plus ou moins délaisser le débat constitutionnel au profit des « vraies affaires », c’est le sophisme de la fausse dichotomie dans toute sa splendeur. C’est affirmer qu’on peut seulement faire une chose OU l’autre à la fois, alors qu’on peut très bien faire les deux en même temps.

Dans une lettre intitulée «Une politique du XXIe siècle», publiée dans La Presse du 9 septembre, les auteurs plaident pour un changement de culture politique et pour un recentrage sur des enjeux qui seraient selon eux plus proche de la majorité des Québécois.

Nous croyons comme les auteurs qu’il faut mettre fin aux déficiences graves des réseaux de santé et d’éducation, ainsi qu’à la collusion et au copinage, qu’une meilleure gestion de la dette doit être effectuée, que la fiscalité doit être plus juste et respectueuse des efforts de chacun et qu’il faut des politiques minières, énergétiques et environnementales à l’image de notre temps.

Toutefois, les auteurs affirment que « les hommes et femmes ordinaires ne se réveillent pas la nuit pour réfléchir au statut constitutionnel de leur province », mais pour s’inquiéter de la réussite scolaire, de la santé, des routes, de la dette, de l’environnement, etc. Nous les rassurons: nous ne nous réveillons pas la nuit pour réfléchir au statut constitutionnel du Québec, et nous nous préoccupons probablement autant qu’eux de l’éducation, de la santé, des routes, de la dette et de l’environnement. Cette affirmation, selon laquelle il faut plus ou moins délaisser le débat constitutionnel au profit des « vraies affaires », c’est le sophisme de la fausse dichotomie dans toute sa splendeur. C’est affirmer qu’on peut seulement faire une chose OU l’autre à la fois, alors qu’on peut très bien faire les deux en même temps.

Venant de divers milieux professionnels, les auteurs signent ce texte à titre personnel : Christian Trempe, Philippe Leclerc, Marc Desnoyers, Élisabeth Émond, Miguel Tremblay, Christine Normandin

Évidemment, les hommes et les femmes ordinaires ne se préoccupent généralement pas du débat constitutionnel: le contraire serait même étonnant. Mais lorsque nous expliquons à ces mêmes personnes qu’un Québec indépendant serait probablement plus efficace, croyez-nous, ça les touche. Lorsque nous leur expliquons qu’il n’y aurait plus de dédoublement de ministère qui appauvrit inutilement les Québécois, qu’il n’y aurait plus de double imposition, et qu’il n’y aurait plus de partie de ping-pong entre le Québec et le fédéral pour des enjeux importants, ça les intéresse.

Lorsque nous expliquons à ces Québécois que des États indépendants de taille similaire au Québec en terme de population, de PIB par habitant, et de niveau d’éducation s’en tirent très bien, que grâce au libre-échange notre dépendance au reste du Canada est plutôt faible, que les économies d’échelle sont noyées dans une mer de gaspillage, et surtout, lorsque nous leur expliquons que l’indépendance du Québec n’est pas une histoire de rancune, mais une simple volonté de s’affirmer, ils s’y retrouvent. […]

Le débat constitutionnel n’est en réalité que le préambule d’un profond débat sur l’indépendance du Québec. Indépendance qui elle, permettrait finalement une gestion plus saine, plus juste et plus efficace des politiques québécoises. Éviter ou se détourner de ce débat fondamental, c’est balayer sous le tapis l’essentiel, c’est agir à très court terme, c’est éteindre des feux en évitant de travailler à régler l’origine du problème de la situation actuelle du Québec. Parce que l’indépendance s’avère être le premier pas vers « un Québec sur le chemin de l’excellence et de la fierté », qui semble visiblement préoccuper les auteurs autant que nous.

Concernant le débat linguistique, alors que les auteurs plaident pour plus de pragmatisme en politique, ils dénoncent une prétendue « artillerie lourde » en matière linguistique alors que ce que les souverainistes demandent ne correspond généralement qu’à ce que tous les autres pays sur Terre font déjà. De plus, ils affirment que la culture ne doit pas être « obligatoire » mais doit être « désirable ». Pourraient-ils nous expliquer comment un nouvel arrivant peut trouver désirable une culture minoritaire, dans un pays pour laquelle la langue de cette minorité est sur la voie de l’assimilation dans plusieurs parties de son territoire et où les élites respectent de moins en moins cette langue? À défaut d’une certaine intégration des nouveaux arrivants, qui serait évidemment facilitée par un Québec souverain, que suggèrent les auteurs? De toute évidence, moins de voeux pieux et plus de pragmatisme dans ce débat ne leur ferait pas de tort. La culture, nous n’avons jamais voulu la rendre obligatoire. Nous avons toujours cherché à la protéger et à la valoriser, comme on le fait naturellement dans tout pays du monde et jusqu’à présent, l’histoire nous a donné raison de le faire. […]

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