Qui a peur de la Journée nationale des patriotes?

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«À l’école et dans les manuels scolaires, leur contribution est souvent réduite à la défense de vagues principes: démocratie, justice, gouvernement responsable. Pour certains, ils sont de véritables héros, précurseurs de l’idée d’indépendance. Pour la plupart cependant, les patriotes de 1837 n’évoquent rien du tout. Le souvenir de leur lutte est pourtant d’une percutante actualité, riche en leçons et source d’une légitime fierté que la Journée nationale des patriotes nous permet de raviver».

Combattre la corruption

«Des premiers discours de Pierre-Stanislas Bédard, en 1793, à l’adresse des Fils de la liberté en 1837, les patriotes n’auront de cesse de purger l’État de sa clique de coquins afin de redonner le gouvernement au peuple.

À l’époque, le parlement élu n’a guère qu’un pouvoir, celui de voter le budget et l’allocation des dépenses. De son côté, le gouvernement colonial anglais exigeait que le revenu des taxes lui soit versé automatiquement pour financer l’administration coloniale et payer les « sinécures », ces bureaucrates vivant au crochet de la colonie. Les députés patriotes ripostent donc en rendant publics le nom et le salaire de chaque fonctionnaire ainsi que le montant de tous les contrats publics octroyés aux amis du gouverneur. On révèle ainsi quantité de cas de corruption et de favoritisme. On apprend par exemple que le procureur de la province, l’honorable Jonathan Sewell, cumulait à lui seul quatre emplois à temps plein grassement payés et que chacun de ses trois fils bénéficiait d’une sinécure payée par la population. Louis-Joseph Papineau dénonce alors: « Les honoraires exorbitants, illégalement exigés dans divers bureaux publics de l’administration, des juges et d’autres fonctionnaires usurpant les pouvoirs de la législature».

Gilles Laporte
Texte publié sur le site du Huffington Post Québec

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