Qui sont les extrémistes ?

En réaction à la tournée récente de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal en Italie et en France, un des détracteurs les plus acharnés des défenseurs du français et des indépendantistes québécois, le chroniqueur Alain Dubuc, a encore une fois déversé son fiel dans le journal La Presse (voir la chronique de Dubuc ). Il nous reproche cette fois d’avoir participé avec la délégation du Québec à la Fête de l’Humanité. Cet événement est le rendez-vous annuel de tous les progressistes français, mais aussi de leurs amis d’outre-frontière. Plus de 500 000 personnes ont participé à cet événement encore cette année dont plusieurs personnalités telles que Ségolène Royal, présidente du Parti socialiste français, Jean-Luc Mélenchon du Front de gauche, ou encore des artistes tels que Avril Lavigne, Joan Baez, Yannick Noah, Bernard Lavillier, etc. Plusieurs artistes québécois y ont donné des spectacles dans le passé tels que Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois.
HUMA
C’est précisément pour tenter de contrer le genre de désinformation propagée ici par M. Dubuc dans La Presse, que nous participons à des événements internationaux, tels que la Fête de l’Humanité à Paris ou le Festival des peuples minoritaires en Italie.

La plupart des chroniqueurs de La Presse et des médias anglophones propagent un portrait jovialiste de la situation du français et présentent ceux qui militent pour le rétablissement de la Charte de la langue française ou son renforcement comme des extrémistes ou des marginaux. La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal entend utiliser toutes les tribunes à sa disposition pour contrer cette propagande qui est aussi néfaste pour l’image du Québec sur la scène internationale que pour le débat sur la langue française à l’intérieur de notre territoire.

Jamais La Presse n’a autant déformé l’information sur la question linguistique que lorsqu’Alain Dubuc en était l’éditorialiste en chef. À l’époque du virage linguistique imposé par Lucien Bouchard, les positions du Parti Québécois de Montréal-Centre étaient systématiquement déformées sans que l’on nous laisse un quelconque droit de réplique. Au cours des années, Alain Dubuc s’est permis toutes les insultes à notre égard : nous traitant d’intégristes, d’anglophobes, d’orthodoxes, etc. En fait, en tenant des propos calomnieux d’une telle violence à l’égard des défenseurs du français et des indépendantistes, M. Dubuc montre bien de quel côté se trouvent les véritables extrémistes.

Mais toutes ces tentatives visant à nous museler et à nous marginaliser n’ont pas empêché le débat linguistique de prendre de l’ampleur et l’appui à l’indépendance de se maintenir. Le déclin du français ne peut être caché indéfiniment. Nous ne reculerons certainement pas et nous ne nous abaisserons pas en répliquant aux propos dénigrants de M. Dubuc. Mais nous allons les dénoncer systématiquement. Trop longtemps, les Québécois ont toléré et baissé la tête devant les propos méprisants sur le Québec et les francophones que diffusent les médias anglophones et les médias fédéralistes et anglomanes comme La Presse.

Il est inconcevable de se laisser culpabiliser et calomnier alors que depuis des années toutes les études pointent vers le déclin du français et que le gouvernement du Canada s’ingère plus que jamais dans la législation et l’aménagement linguistique québécois. Citons à titre d’exemple le jugement de la Cour suprême en 2010 qui a affaibli la Charte de la langue française, la répression contre le français dans les services fédéraux et le surfinancement gouvernemental des institutions anglophones.

Sur la scène internationale, les gens peuvent facilement comprendre la situation lorsqu’on leur rappelle que ce ne sont pas les défenseurs du français qui sont extrémistes. Dans l’ensemble du territoire nord-américain, les francophones ne représentent qu’environ 2 % d’une population qui compte 335 millions d’anglophones dans le reste du Canada et aux États-Unis. Pendant plus d’un siècle et jusque dans les années soixante, toutes les provinces canadiennes aujourd’hui majoritairement anglophones ont adopté ou maintenu des lois interdisant l’enseignement du français, même comme langue seconde, dans les écoles publiques. Par la suite, les politiques de bilinguisme officiel du gouvernement fédéral se sont avérées n’être qu’une chimère puisqu’elles ont entraîné une accélération de l’assimilation des francophones. Au Canada, en dehors du Québec, il ne reste plus que 4,5 % de citoyens de langue maternelle française. La moitié d’entre eux ne parlent même plus français à la maison. À Montréal, métropole québécoise où se joue l’avenir du français en Amérique, la proportion de francophones est tombée sous la barre des 50 %.

Nous allons faire le vrai débat partout au Québec et autant que possible sur la scène internationale. Nous devons diffuser le constat de la situation linguistique réelle et amener tous les citoyens à participer au débat. L’établissement d’une véritable langue commune est, avant tout, un facteur essentiel d’inclusion de tous les citoyens et de cohésion sociale. Le principe du droit fondamental des peuples à assurer la survie et l’épanouissement de leur langue et de leur culture est probablement accepté par l’ensemble des Québécoises et des Québécois, peu importe leurs allégeances politiques, leur origine ou leur langue. Cela correspond au droit à la diversité culturelle dans le cadre de la mondialisation.

Et justement, la diversité culturelle interpelle les humanistes et la communauté internationale. Quoi de mieux que de saisir l’occasion de la Fête de l’Humanité et du Festival des peuples minoritaires pour faire valoir l’enjeu crucial de la langue au Québec.

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