Recensement 2016: le public « induit en erreur »

Paul Gaboury | LA PRESSE

 

Le Bloc Québécois reproche à Statistique Canada d’avoir « gonflé », dans sa présentation des résultats du Recensement 2016, les données sur la langue maternelle et la langue parlée à la maison au Québec en « omettant » de répartir les réponses multiples pour chaque groupe linguistique de façon égale comme c’était le cas avant.

Le porte-parole en matière de langues officielles du Bloc Québécois, Mario Beaulieu, a qualifié la nouvelle méthode utilisée par Statistique Canada pour comptabiliser ses données d’«aberration»

« Auparavant, lorsque des gens déclaraient que la langue parlée le plus souvent à la maison était à la fois le français et l’anglais, la moitié des cas était ajoutée au français et la moitié à l’anglais. Mais pour la première fois, en 2016, chaque fois qu’une langue était mentionnée dans une réponse multiple, un point était ajouté à cette langue. Avec cette méthode, il y aurait (au Québec) 87 % de francophones, 19 % d’anglophones et 18 % d’allophones pour un total de 121 %. C’est une aberration » a souligné Mario Beaulieu, porte-parole du BQ en matière des langues officielles, lors d’une conférence de presse jeudi au Parlement, où il était accompagné de l’ancien professeur de mathématique à l’Université d’Ottawa, Charles Castonguay, qui analyse les recensements depuis 1971.

En reprenant la méthode d’analyse utilisée en 2011 ou avant, la proportion de la population qui parlait le plus souvent en français à la maison au Québec est ainsi passée de 83,1 % en 2001, à 81,8 % en 2006, à 81,2 en 2011 puis à 80,6 % en 2016. Un déclin de 0,6 % de la population du Québec correspond à près de 50 000 personnes, a rappelé le député Beaulieu.

« C’est de la malhonnêteté intellectuelle. Il y a un but à cela, de vouloir brouiller les données sur l’évolution et rassurer au sujet de la situation du français » a souligné M. Castonguay. Ce faisant, Statistique Canada embellit faussement la situation du français. La réalité, c’est que le français est en déclin au Québec, de même que dans le reste du pays, a ajouté le professeur Castonguay. Selon lui, le public, les médias et les groupes ou personnes intéressées par ces données importantes auraient dû être informés de ce changement dans la méthode d’analyser les résultats sur la langue parlée à la maison pour permettre d’avoir un portrait objectif de la situation du français.

 

 

 

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